La nutrition des Algériens est "trop" basée sur les céréales, a estimé, dimanche, le docteur nutritionniste Hadj Lakhel Belkacem de l'Institut national de la santé publique (INSP). "Nous avons un modèle de consommation déséquilibré, basé essentiellement sur les céréales, ce qui n'est pas très bon pour la santé", considère ce nutritionniste. En effet, et en s'expliquant scientifiquement, il prévient que les aliments à base de céréales, donc de féculents, engendrent des problèmes de digestion (gaz, constipation), et consommer des céréales "n'apporte pas tous les éléments nécessaires à la santé", a indiqué le médecin à l'APS. Il ajoute qu'"à force de vouloir avoir des farines trop glutées, trop blanchies et de la semoule trop raffinée, on les débarrasse par ces procédés de leurs fibres, vitamines et protéines et il ne reste que leur source d'énergie, ou presque", explique le scientifique. Pour Hadj Lakhel, "notre régime alimentaire n'apporte pas assez de fibres, ni assez de vitamines et minéraux". Il évoque deux raisons à ce modèle de nutrition. D'un côté, les prix relativement abordables des céréales en raison du soutien de l'Etat, compte tenu du revenu de l'Algérien, de l'autre, la méconnaissance des valeurs nutritionnelles des aliments et des besoins de l'individu et des risques encourus à cause d'une alimentation pas toujours saine. Il continue dans son constat en affirmant que "même si l'Etat a fait de grands efforts pour améliorer la nutrition des Algériens depuis l'indépendance, il n'en demeure pas moins que nous ne sommes pas encore arrivés à un niveau de consommation suffisant par rapport à nos espérances et par rapport à ce qui est souhaitable du point de vue médical et nutritionnel", estime le nutritionniste. Il recommande à cet égard de consommer plus de viandes blanches et rouges et du poisson et plus de fruits et légumes qui sont, précise-t-il, sources de protéines de "haute valeur" biologique, de minéraux, vitamines et provitamines et sont aussi de bons régulateurs de la digestion. L'Algérie, en raison du déficit de la production nationale en céréales, en importe afin de pouvoir répondre aux besoins estimés entre 60 et 80 millions de quintaux par an pour une consommation moyenne de 200 kilos par habitant annuellement. Par ailleurs, le Dr Hadj Lakhel a abordé la question des fritures, qui, dit-il, "font partie de notre culture culinaire et que nous utilisons de plus en plus sans connaître leurs techniques et les risques que nous encourrons pour notre santé en raison de cette méconnaissance". Il note que "certaines huiles ne sont pas bonnes pour les fritures, de même qu'une température très élevée détruit l'huile de friture, la dénature et la rend indigeste et même toxique notamment par l'utilisation de la "Tabouna" (ustensile de cuisson à gaz à feu très puissant)", fait-il remarquer. Il a mis en garde également contre l'utilisation répétitive de la même huile pour frire, dangereuse pour la santé du consommateur, et insisté sur la nécessité de filtrer les débris pour une deuxième, qui devrait être aussi la dernière réutilisation.