La loi de finances complémentaire pour 2009 a imposé le crédit documentaire comme seul moyen de paiement des importations. Cette mesure a tant suscité l'agitation au sein des nombreuses organisations patronales, alors que ce procédé, comme le souligne le Dr Abdelaziz Baghiani, expert financier et enseignant à l'ENA dans une contribution, paru dans le quotidien national El-Moudjahid, est connu depuis sa création, en 1926, comme une facilité bancaire accordée aux opérateurs économiques pour réaliser leurs transactions commerciales internationales. Selon cet expert, l'Algérie a, aujourd'hui, grandement besoin de cet instrument pour gérer ses devises, rationnellement et en toute transparence. Ce besoin est devenu urgent, impératif, vu "l'explosion" de la facture des importations du pays à 38 milliards de dollars en 2008, contre 27 en 2007 et 18 en 2004 ! "Une évolution aussi importante et aussi massive des importations imposait aux pouvoirs publics une réaction rapide pour maîtriser la situation et cela s'est traduit par l'instauration du Credoc", indiquera le Dr Baghiani. "D'une manière générale, le crédit documentaire est une facilité bancaire pour réaliser une transaction commerciale internationale. Elle constitue un gage de sécurité pour toutes les parties au contrat", souligne l'expert. La banque émettrice ou, le cas échéant, la banque confirmante, selon lui, s'acquittera de ses obligations sous réserve du respect des termes et conditions du Crédit documentaire. "C'est donc une garantie de paiement, sous réserve du respect des termes et conditions du Crédit documentaire", précise-t-il. Ce moyen répond aux besoins de financement du vendeur et de l'acheteur en leur offrant la qualité de la signature de la banque. L'acheteur a l'assurance que les documents exigés par le crédit documentaire devront être présentés en conformité avec les termes et conditions du Crédit documentaire et des normes du commerce international. Il a aussi l'assurance que les documents présentés seront examinés par un personnel bancaire au courant des opérations de crédit documentaire. Il peut être certain que le vendeur ne sera payé qu'une fois respectée tous les termes et conditions du Crédit documentaire et des normes du commerce international. "Parmi tous les moyens de paiement internationaux, le Crédit documentaire est celui qui garantit la meilleure traçabilité des transactions commerciales", a-t-il souligné. Les appréhensions de certains patrons concernant le prix de revient élevé des transactions et la longueur des délais sont surdimensionnés, estime l'expert financier qui cite quelques avantages offerts par le crédit documentaire comme la maîtrise des prix, l'assistance des banques aux opérateurs, ainsi qu'une grande traçabilité des opérations commerciales. Selon lui, le surcoût du Credoc par rapport au transfert libre ou à la remise documentaire est de moins de 0,19% pour le Credoc sans confirmation, alors que pour le Credoc confirmé il est de près de 0,69%. S'appuyant sur une simulation effectuée récemment avec des données réelles d'une banque algérienne, qui pratique ce mode de paiement à une grande échelle, l'expert a conclu que le coût par mode de paiement rapporté au coût de la marchandise s'établit comme suit : Transfert libre : 0,27%, Remdoc : 0,27%, Credoc sans confirmation 0,45%, Credoc avec confirmation : 0,95%. L'expert a rappelé l'existence d'une multitude de crédits documentaires qui se distinguent les uns des autres par les modalités d'application. Il cite, entre autres, le crédit documentaire irrévocable et "straight", le crédit documentaire irrévocable par négociation, le crédit documentaire irrévocable et non confirmé, le crédit documentaire irrévocable et confirmé. Il a conclu également que le crédit documentaire irrévocable sans confirmation est largement meilleur que le crédit documentaire irrévocable et confirmé. C'est la confirmation qui rend le coût du crédit documentaire supérieur à celui du transfert libre ou de la remise documentaire, car les coûts des notifications sont négligeables du fait que le rôle de la banque étrangère est d'informer seulement le vendeur. Si les conditions de confiance qui permettent l'utilisation du transfert libre existent, elles sont valables également pour le crédit documentaire et sont renforcées par la solvabilité de l'Algérie. En considérant l'existence de la confiance entre fournisseur et importateur, le recours à la confirmation n'est plus justifié. Pour les commissions supplémentaires liées aux importations des biens d'équipement, elles sont couvertes par la baisse des taux d'IBS, passant de 25% à 19%, prévue par la loi de finances complémentaire 2009. Pour les commissions supplémentaires liées aux importations de biens de consommation et l'alimentaire et dans le cas où le secteur privé importerait 70%, le coût supplémentaire annuel est évalué à la contrepartie dinars de 14 millions de dollars composé des frais de domiciliation, d'engagements, de notification et de règlement de crédit documentaire irrévocable. Ce montant n'influence en aucun cas le consommateur, surtout si des mesures d'accompagnement d'ordre fiscal sont mises en place.