Les auditions du procès, qualifié de scandale du siècle, tire à sa fin au tribunal criminel de Blida. Les séances d'auditions des témoins et accusés se sont achevées pour laisser place aux plaidoiries de la partie civile ainsi que celles du représentant du ministère public et les avocats de la défense. La séance de jeudi a été consacrée aux plaidoiries des avocats des deux commissaires aux comptes Lakhdar Mimi et Hamid Sekhara qui avaient travaillés au sein de Khalifa Bank, accusés de non dénonciation et de fausses déclarations, pour ne pas avoir agi, selon la loi, et dénoncé à temps les irrégularités constatées dans la gestion et la comptabilité. Rappelons que ces deux derniers avaient déjà souligné devant la barre qu'ils ont estimé que les rapports qu'ils avaient envoyés à la Banque d'Algérie étaient un signal annonciateur de la faillite de la banque et que c'était aux pouvoirs publics de prendre à temps les mesures qui s'imposaient. En 2000 déjà, ils avaient fait état de dépassements des ratios prudentiels, d'écritures en suspens et d'anomalies au niveau des comptes d'ordre. En revanche, lors de la dernière séance, leurs avocats ont affirmé que ces deux commissaires aux comptes "ont fait leur travail et transmis un rapport à la Banque d'Algérie, en juin 2001, faisant état d'anomalies dans la gestion d'El Khalifa Bank". De son côté, M. Mohamed Boutaouine a plaidé "les commissaires aux comptes, ont découvert des anomalies dans l'octroi de crédit à El Khalifa Bank à ses filiales, dont Khalifa Airways, et en ont fait part dans un rapport à la Banque d'Algérie" et d'ajouter que "le premier rapport, en date du 10 juin 2001, a été suivi d'un deuxième, quelques semaines plus tard, toujours adressé à la Banque d'Algérie, qui avait la mission de contrôler El Khalifa Bank et toutes les banques primaires". Pour donner plus de détails sur les missions des commissaires aux comptes, il a précisé que la mission d'un commissaire aux comptes "n'est pas, selon le Code du commerce, de faire un tri systématique de tous les comptes de la banque, car ce n'est pas un enquêteur. Il doit seulement faire part des anomalies qu'il constate dans le cadre de sa mission et non rechercher s'il y a ou non des anomalies". Alors que M. Ahmed Chaouch, a reconnu que les bilans d'El Khalifa Bank étaient faits en retard, retard qu'il a imputé aux services de la comptabilité de la banque. Cependant, le procureur avait requis quatre ans de prison ferme et l'interdiction d'exercer, en tant que commissaire aux comptes, contre Mimi et Sekhara, pour les chefs d'inculpation de non-dénonciation d'un crime aux services du procureur et pour fausses informations sur l'état de la société El Khalifa Bank. Le procureur a souligné que les commissaires aux comptes sont à la première ligne dans le processus de contrôle des sociétés. Pour rappel, lors des explications des deux commissaires aux comptes, la présidente du tribunal a indiqué qu'à la base, leur désignation était une infraction à la loi puisqu'elle s'était faite en dehors de l'assemblée générale des associés. Une situation qui ne les a pas empêchés d'exercer leurs fonctions.