L'été a été plutôt réussi d'un point de vue économique. L'activité s'est redressée aux Etats-Unis et dans la zone euro, faisant rebondir toutes les places boursières. Reste à confirmer qu'il s'agit d'une solide reprise, accompagnée comme il se doit par les banques. L'épineuse question des droits et des devoirs des établissements financiers reste sans véritable réponse au niveau mondial. Réunis à Pittsburg fin septembre, les dirigeants du G20 devront se mettre d'accord sur ce point, essentiel pour que le système financier trouve la nouvelle moralité tant espérée. A défaut d'être radieux, l'été fut plutôt réconfortant pour l'économie mondiale. Malgré de fortes disparités entre les Etats, la machine semble se remettre lentement en marche, et certains experts tablent même sur une reprise rapide. Plus prudents, les banquiers centraux américain et européen prédisent une longue période de convalescence et mettent en garde contre les risques de rechute. " L'activité économique semble se stabiliser à la fois aux Etats-Unis et à l'étranger, et les perspectives d'un retour à la croissance à court terme semblent bonnes ", a déclaré le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, lors d'un sommet international d'économistes, il y a quelques jours. Cette intervention a conforté l'optimisme des marchés, qui ont rebondi après les publications de ces dernières semaines, notamment aux Etats-Unis. La contraction du PIB américain a fortement ralenti au deuxième trimestre (- 1 % en rythme annualisé) et, selon le consensus, les économistes tablent sur une croissance de 2,2 % aux Etats-Unis pour les trois mois à venir. De l'autre côté de l'Atlantique, les Etats connaissent des situations très différentes, mais, dans la zone euro, la baisse de l'activité a été limitée à 0,1 % sur les trois derniers mois. Dernière bonne nouvelle en date : l'indice PMI composite, qui mesure les perspectives du secteur manufacturier et des services, a enfin atteint la barre des 50 points en août. Autrement dit, la croissance du secteur privé a cessé de se contracter. Cette évolution " suggère que les chiffres du deuxième trimestre ne correspondaient probablement pas à un simple feu de paille mais à une authentique avancée vers la normalisation de l'économie de la zone euro ", explique, dans une note, Gilles Moec, économiste à la Deut-sche Bank. Et de prévoir que le PIB de la zone repassera dans le vert dès le troisième trimestre, avec une croissance de 0,3 %. Avec l'Allemagne, la France semble sortir plus rapidement de la récession. Le gouvernement a agréablement surpris les analystes, en annonçant une croissance de 0,3 % au deuxième trimestre. Au vu de ces bonnes nouvelles, les économistes ont déjà été nombreux à relever leurs prévisions. L'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) vient d'annoncer qu'elle le fera dans les prochains jours. Les banquiers centraux refusent cependant de céder à l'optimisme. " La reprise devrait être relativement lente au début, avec un chômage qui ne redescendra que progressivement des ses hauts niveaux ", a prévenu Ben Bernanke. Le patron de la Banque centrale américaine, qui vient d'être confirmé dans ses fonctions par le président Barack Obama, rappelle que les entreprises et les ménages américains peinent toujours à obtenir des crédits. Nouriel Roubini, professeur d'économie de l'université de New York et connu pour avoir prédit la crise des subprimes, reste aussi pessimiste. Dans une tribune parue dans le Financial Times, il martèle que la reprise " sera anémique et sous le potentiel pour au moins deux ou trois ans, après quelques trimestres de croissance rapide ". A contrecourant de beaucoup d'économistes qui s'attendent à un retour rapide à la croissance, il soutient que l'économie mondiale pourrait rapidement rechuter. Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, se montre tout aussi prudent. " Nous savons qu'il reste une montagne de travail à accomplir ", a-t-il déclaré récemment. Et de souligner que le chantier de la régulation financière, crucial pour l'économie, est loin d'être clos. Les régulateurs et les hommes politiques avaient en effet menacé les banquiers de réorganiser le système financier de fond en comble. Rien d'étonnant, étant donné l'impact que cette crise, d'abord limitée au seul secteur financier, a eu sur l'économie mondiale. A.M