L'Assemblée Française s'est penchée hier sur la garantie française apportée au Fonds européen de stabilité financière, créé dans l'urgence par les chefs d'Etat de la zone euro pour aider un pays de la zone euro qui se retrouverait en difficulté. La zone euro n'a pas rassuré les marchés sur sa santé à moyen terme. Sanction : la monnaie europénne est tombée vendredi à son plus bas niveau depuis fin novembre 2008. L'euro est tombé jeudi à un nouveau plus bas depuis mars 2009, sur fond d'inquiétudes persistantes pour les économies de la zone euro confrontées à une crise de la dette des Etats. Après viendra l'examen, mercredi, du projet de loi sur la régulation bancaire et financière censé traduire les décisions du G20. Christine Lagarde devrait revenir à cette occasion devant les députés pour leur expliquer la philosophie du projet : "aucun pays, aucun marché, aucune institution ou aucun opérateur financier, aucun produit ne devra échapper à une supervision et à des normes communes". Le texte prévoit notamment de "renforcer la supervision des acteurs et des marchés financiers", avec la création d'un "conseil de régulation financière". Il sera aussi question des agences de notation, qui déterminent les capacités d'emprunt et de remboursement d'un Etat ou d'une entreprise. L'Autorité des marchés financiers pourra ainsi enregistrer et superviser les agences de notation. Notons que les marchés boursiers américains viennent de signer leur plus mauvais mois depuis plus d'un an et la tendance a peu de chances de s'améliorer tant que les Européens n'auront pas réussi à vaincre leurs problèmes de dette. L'abaissement par Fitch de la note souveraine de l'Espagne a plombé les principaux indices boursiers qui ont clôturé dans le rouge vendredi. Pour certains investisseurs, la décision de l'agence de notation démontre que la Banque centrale européenne devra apporter une réponse plus énergique à la crise de la dette dans la zone euro avant que les marchés actions puissent rebondir. Les premières statistiques pour le mois de mai qui seront publiées dans les jours à venir pourraient en outre confirmer ce que les investisseurs redoutent le plus, à savoir que les difficultés européennes ont désormais des répercussions Outre-Atlantique. Les indices ISM pour le secteur manufacturier et les services auront valeur de test car ils donnent souvent une première indication de la tendance à venir. Si ces chiffres sont mauvais, seule la statistique de l'emploi, qui sera publiée vendredi, pourrait alors aider les investisseurs à garder confiance dans la reprise. "Toutes les données macroéconomiques vont être étudiées à travers le prisme de l'Europe", explique John Praveen, directeur des investissements à Prudential International Investments Advisers. "Il y a eu ces gigantesques difficultés budgétaires en Europe. Est-ce que cela a un impact sur les statistiques économiques américaines ?", ajoute-t-il. Les investisseurs seront également attentifs à toute annonce d'avertissement sur résultat. L'action de Guess a fini en baisse vendredi, le distributeur de vêtements ayant prévenu que le recul de l'euro pénaliserait ses bénéfices. Dans ce contexte morose, les marchés pourraient toutefois bénéficier d'un coup de pouce de facteurs techniques. Certains investisseurs estiment ainsi que les valeurs boursières sont survendues, l'indice Standard & Poor's 500 évoluant sous sa moyenne mobile sur 200 jours. "Le marché est fortement survendu, de fait il s'agit d'une survente quasiment sans précédent depuis le pic de la crise", estime Carmine Grigoli, directeur des investissements à Mizuho Securities. En mai, le S&P-500 a perdu 8,2%, sa plus mauvaise performance mensuelle depuis février 2009. Le Dow Jones a cédé de son côté 7,9% et le Nasdaq a dégringolé de 8,3%. Il s'agit du pire mois de mai qu'ait connu le S&P-500 depuis 1962, depuis 1940 pour le Dow Jones. Pour John Praveen, les marchés boursiers ne retrouveront des couleurs que lorsque la BCE décidera d'intensifier ses rachats de dette publique comme l'a fait la Réserve fédérale l'an dernier. "L'issue de cette crise européenne, au moins pour le court terme, n'interviendra que si la BCE ne présente un certain nombre de mesures d'assouplissement quantitatif", dit-il. Après avoir fortement rebondi à l'annonce d'un plan de 750 milliards d'euros de stabilisation financière de la zone euro, Wall Street est repartie à la baisse lors des trois semaines qui ont suivi, les investisseurs n'étant pas convaincus que ces mesures soient suffisantes pour éviter une contagion de la crise. Les composantes nouvelles commandes et exportations des enquêtes auprès des directeurs d'achat dans le secteur manufacturier et les services pourraient révéler les premiers signes d'un impact de la crise européenne sur l'économie américaine. "Si les chiffres restent bons, cela remettra en question l'idée que l'économie américaine va vaciller mais cela ne convaincra sans doute pas les plus sceptiques", souligne Stephen Stanley, chef économiste à Pierpont Securities.