L'industrie du pétrole a célébré le 27 août son 150e anniversaire dans un contexte bien particulier marqué par une crise énergétique majeure. Edwin L. Drake, fin août 1859, fit jaillir de la terre l'or noir, provoquant une ruée qui allait peu à peu changer le monde industriel. La bourgade de Titusville, en Pennsylvanie, théâtre du premier derrick, fête ce que d'aucuns considèrent comme le début de l'ère moderne. Le fameux puits de Drake allait changer la face du monde grâce à une nouvelle technique de forage qui allait révolutionner l'industrie. Inspiré par les puits de sel, Edwin Drake, flanqué d'un titre militaire afin d'asseoir sa crédibilité, se lance au printemps 1859 au nom de la Seneca Oil Company. Il utilise une pompe de bateau à vapeur pour percer la terre et, à la surprise de tous, y compris de Drake lui-même et de ses investisseurs, fait jaillir le précieux liquide quelques mois plus tard. Selon Tim Considine, professeur d'économie de l'énergie à l'Université du Wyoming (ouest des Etats-Unis), la révolution a eu d'abord un impact économique, celui de pouvoir extraire du pétrole de façon bon marché. Celui-ci ajoute que le pétrole, pendant les 50 premières années, c'était le marché de l'illumination: cela a permis à des millions de gens dans le monde d'éclairer leur maison la nuit, de lire, de s'éduquer. Ensuite vint la deuxième vague. Lors de la distillation pour produire de l'essence, qui a été ignoré jusqu'à l'invention du moteur à combustion interne par les Européens dans les années 1880, et plus tard avec la production en masse d'automobiles aux Etats-Unis un peu avant la Première Guerre mondiale. C'est ce qui a vraiment inauguré l'âge moderne du pétrole, lorsque le pétrole a permis à l'humanité de devenir mobile. Selon le professeur Considine, l'avènement du pétrole a montré toute l'ingéniosité de l'homme à trouver des ressources. Il mettra également en avant la volatilité des marchés pétroliers . Il dira que " du côté de la demande, il faut du temps pour changer les habitudes de déplacements, ou pour que les consommateurs répondent aux prix. Les années 1980 et 1990 sont un bon exemple de la façon dont les consommateurs ont vraiment abaissé leur consommations de carburant ". Aussi, et du côté de l'offre, une bonne partie de la production mondiale vient de géants vieillissants, des gisements gigantesques en Arabie Saoudite ou au Koweït. Ils ont plus de 50 ans, et certains d'entre eux montrent des signes de déclin. Mais dans le même temps, on ouvre de nouvelles frontières. Un nouvel emplacement très prisé est l'Afrique de l'Est, mais aussi l'Afrique de l'Ouest, le Brésil, le golfe du Mexique, qui offre encore des surprises, ou la Russie qui a un fort potentiel. Selon l'expert, la question clé est de savoir si la production d'un nombre important de champs plus petits peut atteindre, ou dépasser, celle des géants. Il estime dans ce sens que " c'est difficile à dire. D'autant qu'en cas de poussée des prix, comme l'an passé, cela secoue vraiment les consommateurs. On va voir les effets de ce choc pour les cinq à sept prochaines années, dans les décisions des consommateurs sur l'achat de leur voiture, la façon dont ils conduisent ". Et d'ajouter que c'est aussi valable pour l'offre, parce que les prix ont poussé les sociétés à rogner sur leurs forages. Cela se reflète dans la tendance récente des prix en 2009, qui se maintiennent autour des 70 dollars malgré une offre supérieure à la demande sur le marché. Samira G.