L'Union africaine (UA) s'est penchée, hier, à Tripoli sur les crises du continent, notamment celles du Darfour et de la Somalie, lors d'un sommet d'une journée organisé la veille des célébrations du 40e anniversaire de l'accession au pouvoir du chef d'Etat libyen Mouammar Kadhafi, avec la participation de plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) dont le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui est arrivé dimanche après-midi dans la capitale libyenne. Cette session spéciale constitue, selon bon nombre d'observateurs, une opportunité pour les leaders africains de passer en revue les efforts en cours liés au rétablissement de la paix et la sécurité sur le continent. C'est le cas de Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, qui a souligné l'importance de cette session spéciale qui "dénote l'intérêt et l'importance accordés par les chefs d'Etat africains à la question des conflits pour la prise de mesures qui relèvent de l'urgence, à même d'assurer la sécurité et pour un véritable développement dans le continent". Cette rencontre doit donner également une impulsion à l'UA en vue de la mise en œuvre des décisions prises par les divers organes politiques de l'UA sur les questions relatives à la paix et à la sécurité. Dans son intervention devant les participants à la réunion préparatoire de ce sommet, Messahel a, en effet, salué le rôle "leader" de l'UA et la coopération qu'elle a établie avec les Nations unies dans la gestion du conflit au Darfour, notamment à travers le déploiement des forces de rétablissement de la paix. Après avoir rappelé la position de l'Algérie sur le Darfour, fondée sur le respect de l'unité territoriale et la souveraineté nationale du Soudan, le ministre a réitéré son appel en direction de toutes les parties en conflit pour renouer le dialogue et pour la mise en oeuvre des accords d'Abuja 2006. Ce dialogue doit aboutir à une solution "consensuelle et définitive" de ce conflit, a estimé Messahel, précisant que ce processus "doit être encouragé par des actions fondées sur une synergie de tous les partenaires pour accompagner et aider les Soudanais à sortir de cette crise". S'agissant de la Somalie, il a estimé que la solution de ce conflit "doit être recherchée à travers la consolidation du gouvernement en place et la mise en oeuvre des accords de Djibouti qui ont balisé le terrain au dialogue". Il a plaidé, dans ce sens, pour une implication "plus grande" de l'Onu et des partenaires au développement pour "consolider le gouvernement somalien de transition et l'accompagner dans la mise en place des institutions nationales". "La communauté internationale est dans l'obligation de soutenir les efforts de l'UA pour un retour définitif à la paix, d'autant que de nombreux partenaires mobilisent des moyens colossaux pour faire face aux actes de piraterie, soit par le paiement de rançons ou par la mobilisation de grands moyens devant garantir la sécurité du transport maritime dans cette région", a-t-il affirmé. Concernant la situation dans la région des Grands Lacs, Messahel a indiqué que les dirigeants africains vont plaider pour une "application stricte et rigoureuse" de tous les accords qui ont été signés entre les différents protagonistes sous l'égide de l'UA. Lors du dernier sommet ordinaire à Syrte (Libye), l'Union africaine avait, pour rappel, décidé d'organiser un sommet spécial à Tripoli dans le cadre des festivités marquant le 40ème anniversaire de la révolution libyenne, pour aborder la question du règlement des conflits en Afrique. L'Afrique réclame 67 milliards de dollars par an aux grands pollueurs L'Union africaine entend réclamer aux pays industrialisés 67 milliards de dollars par an comme compensation à la pollution, à travers des mécanismes comme le marché du carbone. Cette position africaine rejoint l'appel émis en avril dernier par la Chine, l'Inde et l'Afrique du Sud, demandant au monde développé de consacrer une manne financière conséquente pour les aider à lutter contre le changement climatique. Pour l'Union africaine, ces grands pays de l'Amérique, d'Europe et d'Asie devront réduire de 40 % leurs émissions de carbone d'ici 2025. En plus de cet effort, les nations industrialisées doivent réserver 0,5 % de leur Pib pour compenser les pays pauvres de leur responsabilité dans le changement climatique. L'Occident devrait aider au transfert des technologies vertes pour aider les pays en développement à maîtriser leurs émissions de carbone. Les propositions africaines devraient être signées par un comité spécial de 9 chefs d'Etat (Libye, Ethiopie, Algérie, RDC, Kenya, Maurice, Mozambique, Nigeria et Ouganda) avant d'être soumises à l'assemblée de l'UA. Ces principaux points de discussion sur le changement climatique avaient, quant à eux, fait l'objet d'un compromis un peu plus tôt dans l'année à Addis Abeba et à Tripoli. Adnane Cherih