Dans une ambiance de fête célébrant les quarante années de pouvoir de Mouammar Kadhafi, l'Union africaine a fait le point hier sur les nombreux conflits qui secouent le continent, notamment ceux du Darfour, de la Somalie et des Grands Lacs. En marge des cérémonies de la célébration de la révolution du 1er septembre 1969, marquant l'arrivée au pouvoir en Libye du colonel Kadhafi, un sommet spécial de l'Union africaine s'est tenu hier à Tripoli avec pour ordre du jour les conflits du continent. Outre le Darfour et les Grands Lacs, la Somalie bénéficiait d'une attention particulière. Les chefs d'Etats africains ont examiné les moyens de “soutenir davantage le gouvernement somalien de transition (TFG), notamment en renforçant ses institutions et en améliorant la sécurité dans le pays”. Il faut dire que la situation est intenable, car le gouvernement somalien du président Sharif Cheikh Ahmed, un islamiste modéré, qui est confronté à une vaste offensive depuis début mai des islamistes radicaux, ne contrôle qu'une infime portion du territoire. Concernant le Darfour, l'Union africaine, qui doit examiner la situation dans cette région de l'ouest du Soudan en guerre civile, estime que “la nécessité de renforcer la sécurité est primordiale”, note l'UA. À noter que le chef de l'Etat soudanais Omar Hassan el-Béchir a fait le déplacement dans la capitale libyenne malgré un mandat d'arrêt international de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes au Darfour. Les Grands Lacs seront bien au menu de ce rendez-vous extraordinaire. Il ne fait aucun doute que les dirigeants du continent estiment que “c'est toujours important de mettre en exergue les conflits en Afrique qui représentent les obstacles majeurs devant l'unité du continent”, comme l'a déclaré un ministre africain. Dans ce contexte, le commissaire à la Paix et la Sécurité de l'UA, l'Algérien Ramtane Lamamra, considère que cette session spéciale “doit envisager des mesures concrètes pour l'application des décisions que l'Afrique a déjà adoptées sur l'ensemble des conflits”, parce que, ajoute-t-il, “il y a eu différentes raisons qui ont fait que les plans de règlement (de conflits) n'ont pas été appliqués”. À l'issue de la réunion du Conseil exécutif tenue dimanche soir, Lamamra a déclaré : “Nous avons procédé à un diagnostic de ces raisons. Et nous envisageons des moyens pour rendre toutes ces décisions opérationnelles.” Cette réunion, terminée tard dans la soirée, a adopté les projets d'une déclaration et d'un plan d'action “pour l'élimination des conflits en Afrique et le renforcement d'une paix durable sur le continent”, a annoncé Ramtane Lamamra. Ce “sommet spécial”, convoqué à l'initiative du colonel Kadhafi, doit également permettre aux dirigeants africains de réaffirmer la position du continent dans la perspective du sommet mondial sur le climat, en décembre, à Copenhague. Ceci étant, le leader libyen président en exercice de l'UA reçoit ses pairs, deux mois seulement après avoir accueilli le 13e sommet ordinaire de l'UA, fin juin, dans sa ville natale de Syrte, pour célébrer “l'anniversaire de la révolution” qui a conduit le colonel Kadhafi au pouvoir le 1er septembre 1969. Le point d'orgue de ces festivités est prévu aujourd'hui avec un défilé militaire et un spectacle haut en couleur pour retracer l'histoire de la Libye de Mouammar Kadhafi, mais aussi pour célébrer le 10e anniversaire de l'UA proclamée le 9 septembre 1999 à Syrte, en Libye.