Essentiellement centrée sur le domaine de l'énergie, la visite de 48 heures qu'a effectuée à Alger M. Romano Prodi, le président du Conseil des ministres de la République italienne, s'est soldée par la signature, hier, d'un mémorandum d'entente dans le domaine. Ainsi et comme attendu, la question de l'énergie a été au centre des débats de cette visite. Il convient de rappeler que la question de l'approvisionnement en énergie revêt une grande importance, notamment pour un pays comme l'Italie qui dépend à 100% des importations. Dans ce contexte, il est capital, selon M. Prodi, que cette énergie reste disponible et à des prix stables. Il était aussi important de pallier l'imprévu qui risque de survenir à l'image de la crise gazière russo-ukrainienne que l'Italie a subi de plein front. Se sont là les principales motivations de l'Italie quant à son insistance sur l'intensification de sa coopération avec l'Algérie dans le domaine énergétique. D'un autre côté et de par la proximité et la bonne entente entre les deux pays, l'Italie s'impose comme le premier client de l'Algérie. Le volume de la coopération dans le domaine des hydrocarbures va sensiblement augmenter pour atteindre 31 milliards de m3/an. Les ambitions de la péninsule semblent donc être revues à la hausse à la faveur de cette visite à Alger de M. Romano Prodi. Des ambitions dont le socle n'est autre que le projet Galsi que les deux côtés comptent booster pour le faire aboutir dans les plus brefs délais. Le Galsi est un gazoduc en projet. Il doit relier l'Algérie à l'Italie via la Sardaigne. Le gazoduc d'une capacité de 8 milliards de m3 par an est long de 940 kilomètres dont 640 en territoire algérien. Sa réalisation va permettre de relier le gisement gazier de Hassi-Messaoud, dans le sud de l'Algérie, à la ville d'El-Kala sur la côté algérienne puis Cagliari, en Sardaigne et Olbia et Pescaia dans le nord de l'Italie. Pour rappel, les autorités de la Sardaigne ont déjà exprimé leur souhait de le voir démarrer "le plus rapidement possible", notamment après la crise russo-ukrainienne de l'hiver dernier qui a perturbé l'approvisionnement en gaz de millions de foyers européens. Par ailleurs, Sonatrach et ENI détiennent en commun le gazoduc Enrico Mattei d'une capacité de 27 milliards de mètres cubes et envisageraient de la porter en deux étapes à 33,5 milliards de mètres cubes, avec 3,2 milliards à compter de 2008 et 3,3 milliards à compter de 2012. ENI souhaite anticiper sur le calendrier et faire avancer à 2009 ou 2008, la deuxième étape programmée pour 2012. L'Algérie, qui avait réussi à augmenter significativement ses exportations de gaz ces dernières années, a placé 97 % de ses quantités en Europe. Cette situation l'a transformée en fournisseur majeur de l'Europe en gaz. Sa part dans la demande d'énergie primaire au sein de l'Union européenne la place parmi les trois principaux fournisseurs extérieurs de gaz naturel de l'Europe aux côtés de la Russie et de la Norvège. Le programme de modernisation et d'investissement, adopté par Sonatrach d'une valeur de 33 milliards de dollars, va permettre dans les dix prochaines années d'augmenter les capacités d'exportation du gaz algérien de manière considérable jusqu'à 100 milliards de mètres cubes. Les nouveaux projets de ralliement vers l'Europe par les deux gazoducs reliant directement l'Algérie, l'Espagne et l'Italie, vont permettre d'augmenter les quantités exportées vers les pays du sud de l'Europe en plus des accords de partenariat signés entre Sonatrach State Oil, British Petroleum et Gaz France qui va représenter un soutien au gaz algérien en Europe.