Avec 54,3 % des bulletins déclarés valides, Hamid Karzaï se maintient au-dessus de la barre des 50 % permettant sa réélection au premier tour. Son principal rival, l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, obtient 28,1 % des voix. Depuis le lendemain du scrutin, M. Abdullah accuse M. Karzaï de fraudes à grande échelle. Même lorsque la Commission électorale indépendante (IEC), qui délivre des résultats au compte-gouttes depuis le 25 août, aura annoncé les chiffres de la totalité des bureaux, ces résultats resteront préliminaires et susceptibles de larges modifications. Le nom du vainqueur ne sera définitivement connu que lorsque la Commission des plaintes électorales (ECC) aura annulé les votes frauduleux et achevé ses enquêtes sur les milliers d'irrégularités signalées. L'ECC a déjà averti que ses enquêtes pourraient continuer au-delà du 17 septembre, date-butoir théorique d'annonce du résultat final. Selon le décompte donné hier, le champion de la lutte anti-corruption, Ramazan Bashardost, arrivait en troisième position (9,2 %), suivi par l'ancien ministre des Finances Ashraf Ghani (2,7 %). Le taux de participation, non dévoilé pour l'instant, devrait être faible à cause des pressions des talibans et de la désillusion des Afghans envers leur classe politique. Des diplomates occidentaux l'estiment à 30 à 35 %. Pour Adrian Edwards, le porte-parole de la Mission de l'ONU en Afghanistan (UNAMA), " nous sommes arrivés à un stade où les fraudes sont devenues un trait caractéristique de cette élection ". Après l'annulation par l'ECC des bulletins de 83 bureaux de vote jeudi, l'IEC a prévenu vendredi que près d'un demi-million de bulletins supplémentaires avaient été mis de côté car suspectés d'être irréguliers. A ce rythme-là, les observateurs craignent que les enquêtes sur les possibles fraudes ne s'étendent sur des mois. " Tout le monde à ce stade est parfaitement conscient qu'il faut arriver à un résultat pour cette élection, et aussi vite que possible ", assure Adrian Edwards. Les pays occidentaux se sont inquiétés cette semaine qu'un processus trop long pourrait profiter aux talibans, dont les violences atteignent des records depuis plusieurs mois et s'étendent désormais à tout le pays. Un " think-tank " londonien, l'International Council on Security and Development (ICOS), craint qu'au terme des enquêtes de l'ECC, il soit trop tard pour organiser un second tour dans les conditions éprouvantes du début de l'hiver. " Cela repousserait le second tour au printemps " et pourrait entraîner " une instabilité politique et une paralysie gouvernementale s'étirant sur de longs mois ", explique l'organisation. M.K