Le dernier né de Rachid Bouchareb, "London River " sort en salle le 23 septembre prochain après une diffusion exclusive en mars dernier sur la chaîne franco-allemande, Arte, et une projection plutôt politique en février dernier en présence du président de la république, Abdelaziz Bouteflika, à la salle El Mouggar, puis il y a trois jours, une autre programmée au centre culturel algérien de Paris, (CCA). Faut pas s'attendre à voir dans ce film, une œuvre révolutionnaire ou engagée comme cela fut le cas pour, " Indigène", un produit qui a titillé les politiques au point où ces derniers étaient obligés d'aligner les pensions des soldats africains enrôlés dans les rangs de l'armée françaises contre les allemands, sur celles des français et même celles des Gurkhas sur celles des soldats anglais. London River, est plutôt mièvre, d'une platitude et d'une fadeur ahurissante. La diffusion de London River sur Arte n'avait pas suscité la colère de certains exploitants qui seraient inquiets de la concurrence du petit écran. Le film étant diffusé il y a plusieurs mois et une seule fois sur le petit écran, n'a présenté aucun risque.Il faut savoir que, London River était au départ uniquement destiné à la télévision. Mais le film a connu les honneurs de la compétition au Festival de Berlin -il en est même reparti avec un Prix d'interprétation pour Sotigui Kouyate-, ce qui a ajouté à la notoriété du réalisateur d'Indigènes, explique sa sortie dans les salles obscures. London River raconte la rencontre, à Londres, après les attentats de 2005, d'une femme, anglaise et chrétienne (Brenda Blethyn), et d'un homme, africain et musulman (Sotigui Kouyate), tous deux inquiets pour le sort de leur enfant. Un film en forme d'appel au dialogue entre les cultures dans le monde de l'après 11 septembre. Selon Rachid l'histoire de ce film " se concentre sur ces deux personnes, un homme et une femme, chacun avec un passé très différent, mais qui, tous les deux, ont la même peur, les mêmes angoisses. Il y avait eu besoin d'une crise pour les réunir " explique t-il. Pas trop vrai ces deux personnages, qui sont absolument caricaturés, l'africain étant trop misérable et trop moche par rapport à l'anglaise et par rapport à tout. Du reste, Rachid Bouchareb est depuis juillet dernier sur une superproduction, "Hors-la-loi " qui fait suite à son mémorable Indigène (prix d'interprétation masculine à Cannes 2007). Le premier coup de manivelle de ce long métrage a été donné le 27 juillet dans la ville de Sétif, où le réalisateur avait séjourné quelques jours pour ses repérages. Dans un entretien accordé à notre confrère d'El Watan, Bouchareb a avancé la date de l'avant-première mondiale de ce film historique qui aura lieu le 8 mai 2010 à Sétif, avant sa projection en France, une semaine après. D'une durée de 2h30, ce long- métrage est selon le réalisateur " une des plus grosses productions maghrébines et africaines, d'autant plus qu'elle est dotée d'un budget de 19,5 millions d'euros. Cette co-production algéro-franco-belge est soutenue par Son Excellence le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture. " soulignera le cinéaste ajoutant que le scénario est co-écrit par Olivier Lorelle et lui-même. Comme le film fait suite à Indigène, il s'agira ainsi de rétablir une vérité historique se rapportant aux événements sanglants du 08 mai 45 qui a coûté la vie à des milliers d'algériens qui manifestaient pour l'indépendance. " Hors la loi " retrace en fait le parcours de trois frères dont la famille a été chassée et qui ont survécu aux massacres de Sétif en 1945. Ils se retrouvent ensuite en France et s'engagent dans la révolution. La bataille de Paris, qui oppose le FLN à la police française, va les broyer, les déchirer pour conquérir le droit d'être des hommes à part entière. " annonce encore le cinéaste qui veut à travers le cinéma, " mettre la lumière sur une partie de l'histoire commune des deux nations". Rachid Bouchareb a déjà fait son casting et a choisi les mêmes comédiens que dans Indigéne à savoir les têtes d'affiches françaises tels Djamel Debbouze, Samy Naceri, en plus de Roschdy Zem, Sami Bouadjila, Larbi Zekkal, Ahmed Benaïssa, Chafia Bouadraâ et Mourad Khan, qui seront aux côtés de 2 000 figurants ! Rien que çà ! le tournage aura lieu respectivement à Sétif, Kherrata, en France et en Allemagne. Le dossier des événements du 8 Mai 1945 est l'un des plus importants sujets de discorde entre l'Algérie et la France, qui refuse toute idée de repentance. Yasmine Ben