Les prix des contrats à terme sur le pétrole brut s'inscrivaient en baisse hier à Londres, déprimés par le renforcement du dollar en réaction à un litige commercial qui a éclaté ce week-end entre la Chine et les Etats-Unis. Selon les analystes, le spectre du protectionnisme que soulève ce litige ne soutiendra que brièvement le dollar. Depuis quelques semaines, le sentiment à l'égard du dollar est devenu plus baissier en raison des craintes suscitées par la lenteur relative de la reprise économique aux Etats-Unis. Le pétrole a été le principal bénéficiaire de cette désaffection à l'égard du dollar. A 10H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre cédait 80 cents par rapport à la clôture de vendredi à 68,49 dollars, sur l'InterContinental Exchange (ICE). Le brut léger texan (WTI) pour livraison à la même échéance cédait 57 cents à 67,12 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Peu avant la fermeture des échanges, vendredi, les cours de l'or noir avaient brutalement décroché, lâchant plus de 2 dollars (2,62 dollars New York, 2,17 dollars à Londres), affectés par des prises de bénéfices après quatre séances de forte progression, mais aussi par un regain du dollar. Cette tendance se poursuivait donc hier matin, avec un dollar qui accentuait sa progression face à la monnaie unique. Les cours sont retombés dans la matinée à 66,66 dollars à Londres et 68,02 dollars à New York. Le renforcement du dollar pèse sur les cours de l'or noir, car il érode le pouvoir d'achat des investisseurs et réduit l'attrait des matières premières, utilisées comme placement anti-inflation. "La chute des cours est liée à la faiblesse des marchés boursiers", a estimé Victor Shum, analyste chez Purvin and Gertz à Singapour. Il semble aussi que le marché "déplace son attention vers les perspectives de demande à court terme, qui demeurent faibles", notait Marius Paun, analyste chez le courtier ODL Securities. La surabondance des stocks de produits pétroliers aux Etats-Unis et, plus généralement, dans les pays de l'OCDE est une inquiétude de fond pour le marché pétrolier depuis des mois. Le pessimisme entourant la consommmation a été entretenu par des données décevantes en zone euro: la production industrielle a encore baissé en juillet dans la zone euro, pour le deuxième mois consécutif, de 0,3% comparé à juin, selon des chiffres publiés lundi. "Au total, les niveaux de prix sont quasiment les mêmes qu'il y a dix jours, à la fois pour le brut et les produits pétroliers", constatait Philip Wiper, analyste chez PVM. De fait, en deux séances, le marché pétrolier a lâché la totalité de l'avance prise la semaine dernière, grâce à l'élan des Bourses mondiales, à un climat généralement plus optimiste sur les perspectives de reprise, et à un affaiblissement marqué du billet vert. Samira G.