Les prix des contrats à terme sur le pétrole brut s'inscrivaient en forte baisse, hier, à Londres, le cours du baril ayant même brièvement affiché un recul de plus de 3 dollars. L'anxiété au sujet de la zone euro s'accroît et pousse les investisseurs à délaisser les actifs risqués au profit du dollar. L'appréciation du billet vert pèse sur les cours pétroliers, car elle renchérit le prix de l'or noir pour les détenteurs d'autres devises. A 13h11, le contrat de juillet sur le Brent coté à l'ICE de Londres perdait 2,41 dollars, à 72,24 dollars le baril, après être descendu plus tôt jusqu'à 71,51 dollars. Le contrat de juillet sur le brut WTI du New York Mercantile Exchange abandonnait 1,72 dollar, à 72,25 dollars le baril. Comme les Bourses européennes, les cours du brut chutaient lourdement mardi, après avoir évolué en fin de semaine dernière au-dessus de 75 dollars pour la première fois en plus de dix jours. Les craintes sur la vigueur de la reprise en zone euro étaient renforcées par la publication du rapport semestriel sur la stabilité financière de la Banque centrale européenne (BCE), dans lequel l'institution estime que les banques de la zone euro risquent de devoir inscrire dans leurs comptes 195 milliards d'euros de dépréciations supplémentaires d'ici à fin 2011. En outre, les cours du pétrole étaient pénalisés "par un affaiblissement des perspectives de croissance de la Chine", notaient les analystes de Westhouse Securities. En effet, les deux indices des directeurs d'achat chinois, publiés mardi, ont décliné en mai, reflétant un ralentissement de l'activité manufacturière lié aux mesures destinées à empêcher une surchauffe de l'économie. Les investisseurs privilégiaient ainsi les investissements jugés plus sûrs comme le billet vert, qui a touché mardi 1,2111 dollar pour un euro, un nouveau plus haut en quatre ans. Le renforcement du billet vert rend moins attractifs les achats de matières premières libellées en dollar, comme le pétrole brut, pour les investisseurs munis d'autres devises. "Dans l'ensemble, le brut garde sa forte corrélation" aux facteurs autres que les fondamentaux de l'offre et de la demande, notait Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix. A New York, et sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en juillet s'échangeait à 72,60 dollars, en recul de 1,37 dollar par rapport à vendredi. Les cours avaient rebondi de moins de 70 dollars à environ 75 dollars la semaine dernière. Mais après un week-end prolongé par un lundi férié aux Etats-Unis, les inquiétudes reprenaient le dessus. "Il est difficile pour les cours de maintenir tout rebond quand tous les deux ou trois jours, on a un rappel de la fragilité de l'économie", a estimé Phil Flynn, de PFG Best Research. Autre source d'inquiétude, la Chine, où deux indices des directeurs d'achat ont reculé, reflétant un ralentissement de l'activité manufacturière lié aux mesures destinées à empêcher une surchauffe de l'économie. Le marché pétrolier est très sensible à tout indice d'un ralentissement de l'activité dans le pays, qui constitue depuis plusieurs années le moteur de la consommation mondiale d'or noir.