Les Vingt-Sept ont appelé le G20 à plafonner les bonus. Mais, en coulisse, ils préparent un compromis avec les Américains. À une semaine du sommet de Pittsburgh, les Européens ont affiché, jeudi à Bruxelles, leur unité et leur fermeté sur la régulation financière. "L'Europe demande le plafonnement des bonus ", a insisté le chef du gouvernement suédois Fredrik Reinfeldt, président en exercice de l'Union européenne. Les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept ont adopté une position commune, très inspirée par Paris et Berlin, appelant le G20 à édicter des règles strictes et contraignantes pour limiter les bonus des banquiers. "C'est presque mot pour mot la lettre que nous avons signée avec Angela Merkel et Gordon Brown", s'est félicité Nicolas Sarkozy. "Nous voulons la fin du scandale des bonus, une autre organisation financière, une application de Bâle II par les Américains", a résumé le président français. Dans le détail, les Vingt-Sept demandent "d'éviter les bonus garantis". Ils réclament un mécanisme "bonus malus". Et surtout, ils souhaitent que le G20 examine "les moyens de limiter" le montant des bonus en "fonction des revenus ou des profits de la banque". Chère à Paris, cette petite phrase démontre que l'Europe ne renonce pas à demander le plafonnement des bonus, alors que le président Barack Obama en personne s'y est opposé, rappelant qu'aux Etats-Unis, les pouvoirs publics n'avaient pas leur mot à dire sur les rémunérations versées par le secteur privé. Très ferme en façade sur la question des bonus, l'Europe est plus flexible en coulisses. D'après les négociateurs, Européens et Américains sont sur la piste d'un compromis. Nicolas Sarkozy l'a reconnu jeudi à demi-mot. "Il y a un désaccord avec les Américains sur un point : la limitation globale des bonus" a indiqué le président français. "Mais s'il y a un engagement précis sur tout le reste, les bonus différés, le bonus malus, la transparence, et les fonds propres qui doivent augmenter au prorata des activités spéculatives, on peut trouver un accord". Les Américains refusent d'endosser un plafonnement chiffré des bonus. Sur ce point, les Européens ont déjà fait marche arrière. "On obtient le même résultat avec des règles plus sévères sur les fonds propres et c'est cette voie qu'on prend", a indiqué jeudi Nicolas Sarkozy. "C'est une méthode de plafonnement plus efficace, car plus globale" a-t-il affirmé. Depuis la réunion des ministres des Finances du G20 le 4 septembre à Londres, la France a mis de l'eau dans son vin. " Nous ne demanderons pas de limitation chiffrée des bonus", a confirmé Christine Lagarde dans un entretien au Wall Street Journal. A en croire les experts, ce compromis soulagerait les grandes banques américaines suffisamment capitalisées pour distribuer les bonus qu'elles souhaitent. M.K