Le sommet du G20 qui regroupe les pays les plus industrialisés de la planète – à eux seuls ils représentent 90% de la production économique mondiale – s'est achevé vendredi à Pittsburgh, après deux jours d'âpres négociations. Relance économique, régulation financière et place des pays émergents ont été les principaux dossiers posés sur la table des discussions. Malgré les profondes divergences ayant opposé certains pays participants (c'est le cas des Etats-Unis et de la France sur la question des bonus), la rencontre a tout de même fini par déboucher sur des conclusions qualifiées de « satisfaisantes ». C'est, en tout cas, le premier bilan de ce sommet fait par la plupart des membres du G20. La plus grosse satisfaction a été enregistrée, à ce propos, dans le camp des pays émergents. La raison ? Ceux-ci se sont vu associés dans l'encadrement de l'économie mondiale. Autant dire qu'avec une telle décision, ils font leur entrée dans la cour des grands. Substituer le G8 par le G20 pour le pilotage de l'économie mondiale et faire de celui-ci la principale enceinte de coopération économique. C'est là, en effet, l'un des principaux résultats de ce sommet de Pittsburgh. En outre, les pays émergents se verront accorder plus de pouvoir puisque leur quote-part au sein du FMI, autrement dit leur place par rapport aux autres va être augmentée de manière significative. Il aura fallu qu'une crise financière secoue la planète pour que le club très fermé du G7 (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Canada, Italie et Japon) consente enfin à partager le pouvoir avec des pays tels que la Russie, la Chine, le Brésil et l'Inde. Selon de nombreux experts, il n'est pas faux de dire que cette décision jette les bases d'un nouvel ordre international dans lequel les pays pauvres n'ont toujours pas droit au chapitre. Autre décision : le FMI sera dorénavant chargé de surveiller les déséquilibres et de faire des recommandations de politique économique aux pays qui devront prendre des mesures correctives adaptées. Dans un communiqué rendu public le même jour, le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, s'est félicité des « décisions historiques pour adapter la coopération économique mondiale aux besoins du XXIe siècle ». La principale décision du sommet a été, a-t-il expliqué, de tenter de remédier aux problèmes de la répartition des quotas au sein du FMI. Le G20 a décidé du transfert, avant l'année 2011, d'au moins 5% des quotes-parts du FMI aux pays émergents et en développement dynamiques. Toutefois, il n'a par exemple pas encore été déterminé selon quelle méthode ni quels pays exactement donneraient ou recevraient de leur quote-part. Pour la Banque mondiale, institution sœur du FMI à Washington, le G20 s'est engagé également à transférer aux pays émergents « au moins 3% » supplémentaires des droits de vote. Au chapitre de la relance économique et de la régulation financière, le sommet de Pittsburgh, ainsi qu'il fallait s'y attendre, a recommandé de poursuivre les mesures intensives initiées pour renouer avec la relance, cela même si l'économie mondiale commence progressivement à sortir de la zone rouge. Ça a marché, mais il faut aller plus loin, c'est en substance ce que dit le communiqué final du G20 qui a en outre incité les banques à limiter les risques qu'elles prennent par l'augmentation de leurs fonds propres. Concernant les bonus, le principe d'une limitation est retenu mais le mot « plafonnement » ne figure pas dans le communiqué, comme le réclamaient les Français. Les bonus devraient être versés en fonction d'un pourcentage des profits et en tenant compte du fait que la banque doit avoir un minimum de réserves. Un encadrement déjà en vigueur dans certaines banques américaines. Le G20, avec une telle batterie de mesures, pourra-t-il maintenant éviter vraiment une crise analogue à celle qui a ravagé, l'an dernier, les principales places financières internationales ? Il faut dire que l'optimise affiché par les acteurs de Pittsburgh ne fait pas, pour le moment, l'unanimité chez les experts. Beaucoup d'entre eux pensent, en effet, que le communiqué final du G20 reflète plus un état d'esprit qu'une politique effective dans la mesure où il ne s'est doté quasiment d'aucun moyen de faire appliquer ses décisions. Situation qui, concrètement, rend encore possible de nouveaux dérapages.