Le marché de la pièce de rechange est un marché qui est appelé à se développer en Algérie. C'est du moins ce qui ressort d'une étude publiée récemment par la mission économique française Ubifrance et ayant pour thème le marché automobile algérien. Ainsi, la note en question précise que dans un contexte morose pour les voitures neuves et en présence d'une industrie locale de la pièce détachée qui ne peut répondre à la demande locale, le marché de la pièce de rechange importée pourrait croître de manière significative. Selon le Cnis, le montant des importations de pièces détachées destinées à l'automobile est estimé à environ 500 millions de dollars. La majorité des pièces de rechange contrefaites vendues en Algérie est importée. Ces pièces sont généralement d'origine chinoise ou, dans une bien moindre mesure, des pays de l'Europe de l'Est. Malgré les dispositifs mis en place par les pouvoirs publics pour contrôler les pièces importées, les produits contrefaits représentent encore près de 50% des pièces détachées vendues en Algérie. Pour ce qui est du marché automobile, la note d'Ubifrance précise que celui-ci a connu une baisse de 10,5% durant le premier semestre 2009, comparé à la même période en 2008. En effet, selon les données du Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes (Cnis), l'Algérie a importé 153 292 véhicules contre 171 277 durant la même période en 2008. La valeur globale a augmenté, passant de 128 milliards de dinars au premier semestre 2008 à 142 milliards de dinars sur les six premiers mois de l'année 2009. Il semblerait que cette période de crise profite aux marques européennes et notamment françaises, grâce à une politique commerciale agressive au niveau des prix et la hausse du yen qui pénalise les marques japonaises. Ainsi, concernant les ventes, le groupe Renault arrive en première position avec 20 886 véhicules commercialisés sur le premier semestre. Ces bons chiffres sont à attribuer au succès des modèles de la marque Dacia et Renault Symbol, très prisés actuellement. Peugeot n'est pas en reste avec 13 657 véhicules vendus, se positionnant ainsi à la quatrième place. Quant aux marques asiatiques, Hyundai et Toyota, respectivement seconde et troisième, ont vu leurs ventes reculer de 24 % et 21%. Avec l'entrée en vigueur des mesures de la LFC 2009, dont la fin du crédit à la consommation, la fin de l'année s'annonce difficile pour tous les constructeurs et leurs concessionnaires. Selon Ubifrance, avec l'instauration, en 2008, d'une taxe sur les véhicules neufs, le gouvernement algérien avait déjà clairement montré sa volonté de limiter les importations dans ce secteur et annoncé vouloir favoriser l'émergence d'une industrie locale. Cette tendance s'est confirmée en 2009, avec d'autres mesures annoncées, notamment dans la loi de finances complémentaire pour 2009 (LFC) adoptée le 22 juillet 2009, qui risquent d'affecter les importations. C'est en premier lieu l'interdiction du crédit à la consommation (hors immobilier), puis la hausse de la taxe appliquée sur les véhicules neufs qui était décidée dans le même temps ; depuis le 27 juillet 2009, les acheteurs de véhicules de tourisme et utilitaires dont la cylindrée est supérieure à 2500 cm3 doivent s'acquitter d'une taxe comprise entre 200 000 et 300 000 dinars. Ces nouvelles contraintes ont eu des conséquences immédiates sur les consommateurs qui, pour bon nombre d'entre eux, diffèrent leurs achats. Parallèlement, le ministère des Transports a annoncé la mise en oeuvre d'une mesure visant à désengorger le port d'Alger et réguler le trafic portuaire, dont l'application effective est prévue à compter du 1er octobre 2009. Celle-ci prévoit que les navires de transport de véhicules ne déchargent plus à Alger, mais à l'est et à l'ouest du pays au niveau des ports de Djendjen, Mostaganem et Ghazaouet. Cette mesure induira une nouvelle organisation logistique lourde, qui pourrait conduire à de nouvelles hausses des prix pour le consommateur final. Rappelons que l'année 2008 a battu tous les records en termes d'importations avec 327 506 véhicules importés, soit une hausse de 49,4 % par rapport à 2007. Avec plus de 3 millions de véhicules, selon les dernières données statistiques disponibles, l'Algérie dispose du premier parc au Maghreb et du deuxième parc du continent africain. Grâce à l'ouverture du crédit automobile en 2001, aux mesures adoptées en 2005 (interdiction d'importer des véhicules d'occasion et contrôle technique obligatoire), le parc s'est considérablement renouvelé. L'âge moyen reste toutefois élevé avec 77% des véhicules âgé de plus de dix ans et seulement 17% de moins de cinq ans. Samira G.