Çà y est le festival international du malouf a démarré en retournant à sa ville natale, Constantine.Cette manifestation culturelle et artistique dont la deuxième édition s'est déroulée en août 2008 au théâtre communal de Skikda, regroupera plus d'une centaine de participants nationaux et étrangers de renom à l'image de la troupe libyenne dirigée par le maestro Hassan Ali Laâribi, de la troupe tunisienne, de l'orchestre marocain de Tanger (Maroc), de la troupe syrienne conduite par l'artiste Nabil Kassis et enfin de la troupe turque menée par le maître du malouf Halil Karaduman. Le bal de cette manif a été ouvert par une femme en tenue traditionnelle accompagnée de cinq musiciens, Soraya Sbiri, une libanaise. Sa voix magnifique exalte et reprend "Kcentina Nahwak", une chanson dédiée à la ville. Le public était en force vendredi dernier, séance d'ouverture de la troisième édition du festival international de Malouf au théâtre régional de la ville. Plusieurs personnalités locales et étrangères étaient présentes : cinq walis de l'est, des représentants du ministère de la Culture ou encore de grandes figures de la musique andalouse telles que Hamdi Benani. Avant d'annoncer le coup d'envoi officiel du festival, Boudiaf, wali de Constantine, déclara : "Quand quelqu'un veut accomplir le pèlerinage il va à la Mecque, et quand il veut écouter du Malouf il va à Constantine". La première partie de la soirée était assurée par l'Orchestre régional de musique andalouse, conduit par Samir Boukredera. Ce dernier, connu dans la ville des Ponts pour sa dévotion à cette musique mais aussi comme étant un grand musicien et formateur, était sans doute entouré de la crème des jeunes talents dont Abbas Righi par exemple. Une ouverture musicale par "El Achraf" puis "Dir El Widam fi Kaas" et "Hasn El Adari", le public était conquis et surtout rassuré de voir que Boukredera veille sur une jeunesse qui incarne déjà la relève de demain. Changement de décor et de style en deuxième partie. Le Liban était à l'honneur, son ambassadrice est une grande dame, intellectuelle, docteur universitaire (spécialiste des musiques ethniques) mais aussi la diva arabe du moment. Ghada Shbeir lauréate de plusieurs prix internationaux, a bouleversé l'atmosphère du TRC. Infatigable, elle a interprété avec son orchestre une douzaine d'anciens Mouwachahat et de Taktoukats, modernisés et arrangés par de grands musiciens au 20e siècle. On peut citer Behdjet Errouh, Ya Tara Baâd El Biaâth, Tif Ya Diri ou Ya Aakida El Hajibaïn en hommage à Faïrouz. Au final, on n'en garde qu'émotion et émerveillement en écoutant Ghada, c'était tout simplement extraordinaire. A chaud, Ghada Shbeir, nous a livré ses impressions après son concert : "Le public algérien est très intelligent, il sait écouter, il apprécie par exemple les improvisations, ce qui est important pour un artiste". La Libanaise qui est musicologue, connaît forcément la musique Malouf, mais pour elle le registre de cette dernière est différent des autres musiques arabes : "Le Malouf est une forme musicale traditionnelle que je respecte énormément, mais j'avoue que c'est une musique très spéciale et très difficile. Je pense qu'il n'y a que les Maghrébins pour le faire", conclut-elle. R.C