Sélectionné par la Semaine de la critique du Festival de Cannes 2008, un film exceptionnel " La fin de la pauvreté? " de Philippe Diaz sera projeté ce vendredi à la salle Cosmos de Riadh El Feth à Alger. Ce documentaire qui met en perspective l'histoire du développement, ceux qui l'ont écrite et ceux qui l'ont subie, est très demandé dans les festivals du monde. L'initiative revient à l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) en partenariat avec la maison de production et de distribution MD Ciné, l'une des premières a être créés dans les années 90. La diffusion de ce film sous-tendu par une actualité qui est la célébration de la journée mondiale de lutte contre la pauvreté, le 17 octobre de chaque année, sera suivie d'une rencontre avec le réalisateur, indique lundi l'agence AARC dans un communiqué. Avec " La fin de la pauvreté? ", le réalisateur s'est attaqué à un fléau mondial dont la principale manifestation (la malnutrition) touche, de manière permanente, environ 800 millions de personnes dont 300 millions d'enfants, a-t-on expliqué. Bolivie, Venezuela, Pérou, Kenya, Inde... Philippe Diaz et son équipe ont, durant deux ans, posé leur caméra dans les lieux les plus pauvres de la planète et recueilli avec respect et fidélité les témoignages de leurs habitants. La question est posée d'emblée : comment se peut-il que cohabitent dans le même monde autant de richesse au Nord et de pauvreté au Sud ? S'appuyant sur des interventions d'experts aussi variés qu'A. Sen, J. Stiglitz ou E. Toussaint, entre autres, le réalisateur, auteur précédemment du Nouvel ordre mondial, redonne dans ce documentaire une nouvelle légitimité à une thèse controversée, défendue par Jeffrey D. Sachs dans son ouvrage éponyme : tout découle de 1492, des colonisations successives du Sud par le Nord et de l'exploitation des richesses du premier au profit du second. Banque Mondiale, FMI, dette paralysante ne sont que les nouveaux visages de ce phénomène qui continue de creuser l'écart entre pays industrialisés et tiers-monde. Réalisé avec une rigueur proche de l'austérité (quelque chose à l'opposé de Michael Moore), sur un dispositif métronomique de témoignages, entretiens, chiffres, ce travail, est nécessaire et convaincant. Dans le synopsis il est dit qu'avec " tant de richesse dans le monde, pourquoi y-a-t-il encore tant de pauvreté ? S'aventurant au-delà des réponses "populaires" sur les origines de la pauvreté, The End of Poverty ? se demande si les véritables causes ne viennent pas d'une orchestration des pays riches pour exploiter les plus pauvres, de l'époque coloniale à aujourd'hui. Les peuples qui luttent contre la pauvreté répondent, condamnant le colonialisme et ses conséquences : appropriation des terres, exploitation des ressources naturelles, dette, néolibéralisme, demande permanente dans laquelle 25% de la population mondiale utilisent 85% des richesses. Des favelas d'Amérique Latine aux bidonvilles d'Afrique, des économistes de renom, des personnalités politiques et des acteurs sociaux révèlent comment les pays développés pillent la planète ; un saccage qui menace ses capacités à soutenir la vie et accroît toujours plus la pauvreté... L'avant-première en Belgique eut lieu la semaine dernière en présence du réalisateur, Philippe Diaz, et de la productrice, Beth Portello. Large diffusion dans les pays où le CADTM est présent, au Bénin, au CongoBrazzaville, en France, au Maroc, au Niger, au Togo, car la dette est une des causes fondamentales de pauvreté dans les pays du Sud. Maintes fois remboursée, elle continue, en raison des conditionnalités imposées par les prêteurs du Nord (Etats, Banque Mondiale/FMI et banques privées), à occasionner des ravages inacceptables. Elle bloque le développement endogène et porte atteinte à la souveraineté des pays en développement. Par Rachida Couri