La salle Cosmos, à Riadh El Feth, présentera vendredi prochain à 19h le film documentaire la Fin de la pauvreté ? du cinéaste français Philippe Diaz. La projection du film dont la distribution est assurée par la société algérienne MDCiné se déroulera en présence du réalisateur. Comme son titre l'indique, le long métrage établit un constat accablant du drame que vivent des millions de personnes à travers le monde. Selon les chiffres de l'ONU, plus de 800 millions de personnes, dont 300 millions d'enfants se couchent tous les jours sans rien avoir mangé. Une personne meurt de faim toutes les 3 secondes. Les morts sont en majorité les enfants de moins de 5 ans. Partant de cette dramatique et implacable réalité que même la froideur des chiffres et statistiques n'arrivent pas à atténuer, Philipe Diaz, armé de sa caméra, est parti avec son équipe chercher les images qui choqueront, qui montreront tous ces morts en sursis. Durant 2 ans, ils parcourront l'hémisphère Sud là où se concentrent tous les fléaux, dont la pauvreté. L'équipe recueillera fidèlement les témoignages des habitants de pays du Sud. «Avec tant de richesses dans le monde, pourquoi y a-t-il encore tant de pauvreté ?» C'est à cette question que la Fin de la pauvreté ? essaye de répondre. Il ira plus loin en se demandant si les véritables causes ne sont pas le produit d'un plan, d'une orchestration des pays riches pour exploiter les plus pauvres, de l'époque coloniale à aujourd'hui. 25% de la population mondiale utilise 85% des richesses. S'appuyant sur des interventions d'économistes de renom, de personnalités politiques, d'acteurs sociaux et d'experts comme A. Sen, J. Stiglitz ou E. Toussaint, le film révèle comment les pays développés pillent la planète et accroissent la pauvreté, tout en faisant peser sur toute l'humanité la menace de l'épuisement des ressources. Comme le disait si justement le défunt Coluche : «La misère du monde n'est pas de dimension divine. Elle est de dimension humaine.» Et avec la Fin de la pauvreté ?, Philippe Diaz «redonne une nouvelle légitimité à une thèse controversée, défendue par Jeffrey D. Sachs dans son ouvrage éponyme : Tout découle de 1492, des colonisations successives du Sud par le Nord et de l'exploitation des richesses du premier au profit du second. Banque mondiale, FMI, dette paralysante ne sont que les nouveaux visages de ce phénomène qui continue de creuser l'écart entre pays industrialisés et tiers-monde. Réalisé avec une rigueur proche de l'austérité (quelque chose à l'opposé de Michael Moore), sur un dispositif métronomique de témoignages, entretiens, chiffres, ce travail, s'il se révèle à la fois nécessaire et convaincant, n'échappe pas pour autant à des longueurs et des redites. Un montage plus serré et quelques coupes eussent mieux servi le propos et rendu sans doute plus percutants ses enseignements», écrit Marguerite Debiesse dans Fiches du cinéma. Réalisateur, directeur de la photographie et producteur, Philippe Diaz, qui est né à Paris, a d'abord fait des études de philosophie à la Sorbonne avant d'entamer une carrière dans le cinéma en 1980 en réalisant plusieurs courts métrages documentaires et de fiction. En 1984, il fait ses débuts dans la production et se consacre à cette activité jusqu'à la fin de la décennie. En 1989, il arrête de produire durant une dizaine d'années. En 1991, il s'installe à Los Angeles où il continue de produire des films d'auteur mais également crée Cinema Libre Studio, un mini-studio spécialisé dans les films de fiction et documentaires à caractère social ou politique. En 1999, il revient à la réalisation avec Nouvel ordre mondial (quelque part en Afrique), qui a été présenté à la Semaine de la critique en 2000. H. G.