British Airways s'est élevé lundi contre le projet d'accord de "ciel ouvert" annoncé vendredi entre les Etats-Unis et l'Union européenne, dont elle serait une des premières à pâtir, et va tenter de convaincre les négociateurs européens de revoir le texte. Actuellement, quatre compagnies sont autorisées à voler vers les Etats-Unis depuis Heathrow, le fief de British Airways (BA), et la mise en oeuvre d'un accord de ciel ouvert obligerait ces compagnies à partager le gâteau avec d'autres, européennes et américaines. Ces quatre compagnies sont les britanniques BA et Virgin Atlantic, et les américaines United Airlines et American Airlines. Or, une réduction de part de marché avec les Etats-Unis aurait pour BA "un effet très important car le trafic transatlantique de première classe est de loin la plus rentable de leurs activités", a remarqué Peter Howard, de Brewin Dolphin Securites. British Airways ne communique pas de chiffres détaillés, mais on sait que "toutes les grandes banques de la City ont des contrats avec BA et que la ligne Londres-New York rapporte de manière incroyable", a ajouté l'analyste. La crainte de cette réduction de part de marché a pesé toute la journée à la Bourse de Londres sur le titre British Airways, qui a perdu 6,59% à 496,50 pence, après avoir cédé jusque 9,5% en début de séance. La compagnie, qui juge que l'accord obtenu vendredi est en fait une "impasse", a l'intention de contre-attaquer et "d'expliquer fermement au gouvernement (sa) position". Son président, Martin Broughton, a considéré dans un discours lundi à Londres, au cours d'une conférence sur l'aviation à laquelle participait aussi le commissaire européen au Transport Jacques Barrot, que le projet d'accord était "très déséquilibré en faveur des Etats-Unis" et n'offrait aux Européens que "de minuscules concessions érigées en avancées importantes". Il a déploré en particulier que le marché domestique américain reste fermé aux compagnies européennes. Il a défendu le principe non d'un "ciel ouvert", mais d'une "zone aérienne (transatlantique) ouverte", qui "pourrait être une part importante", selon lui, "du marché commun transatlantique" suggéré début janvier au président américain George Bush par la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays préside actuellement l'UE. M. Barrot a rétorqué qu'il "ferait respecter le droit" pour toutes les compagnies aériennes européennes de voler vers les Etats-Unis depuis l'Etat membre de leur choix. Pour sa part, le directeur général de Virgin Atlantic, Steve Ridgway, a invité les ministres des Transports à "bien regarder au-delà de la rhétorique et à analyser avec précaution si les nouvelles propositions remplissent leur mission", à savoir ouvrir réellement le ciel au-dessus de l'Atlantique nord. Les ministres européens doivent en débattre le 22 mars. Les négociations entre les Etats-Unis et l'Union européenne sur un accord de ciel ouvert ont commencé en octobre 2003.