La flambée de la monnaie européenne sur le marché international a eu des répercussions relativement lourdes sur l'économie nationale. La tendance haussière de l'euro, qui persiste sans discontinuité depuis des mois par rapport au dollar américain, a fini par avoir des retombées moins bonnes sur la balance commerciale de l'Algérie. Pour la première fois depuis sa mise en circulation, le billet européen vient de battre, la semaine dernière, un record historique en s'échangeant contre 1,41 dollar sur plusieurs place financières internationales. Cet état de fait a affecté, en conséquence, l'équilibre des échanges commerciaux internationaux de l'Algérie. Ce qui est dû au fait que les importations de l'Algérie s'effectuent, dans leur majorité, en euro, tandis que les exportations, elles, se font en dollar. Le manque à gagner pour la balance commerciale se chiffre déjà en millions de dollars. Le gouvernement se mobilise d'ores et déjà pour prendre les mesures nécessaires permettant d'endiguer ces pertes. A cet égard, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, n'a pas omis de soulever cette question avant-hier, en recommandant d'ouvrir une réflexion sur les possibilités de réduire le volume des importations qui s'effectuent en euro pour pouvoir réduire l'impact de la hausse de la valeur de cette monnaie sur l'économie nationale. L'option que le ministre de l'Energie et des Mines vient de recommander demeure toutefois une simple mesure d'urgence qui ne doit pas s'inscrire dans la durée. En effet, dans tous les cas de figure, la solution la plus adéquate à cette problématique réside dans les mécanismes à mettre en place afin de réduire définitivement la dépendance de l'économie nationale du marché internationale. Car, fuir aujourd'hui le marché européen à cause de la hausse de l'euro, pour aller à la conquête des marchés où le négoce s'effectue en dollar ne met pas définitivement en sécurité ni l'économie nationale ni le consommateur, sachant que, à l'avenir ; si la tendance se renverse et le dollar prendrait son envolée, c'est le même scénario qui se rééditera. Actuellement, l'économie nationale demeure fortement dépendante des importations, notamment pour les produits alimentaires et les biens d'équipement. Ainsi, la facture de la poudre de lait et des produits dérivés, à elle seule, s'élève à 900 millions de dollars annuellement, le sucre et ses dérivés coûte à l'Algérie quelque 200 millions de dollars. Dans l'ensemble, l'Algérie importe en moyenne pour plus de 20 milliards de dollars par année. Sur cette question, les économistes au fait de l'évolution du marché national sont unanimes pour dire qu'une véritable relance de la production nationale demeure la seule alternative permettant de venir à bout de cette dépendance qui fait subir à l'économie nationale les fluctuations du marché international. A l'image de toutes les économies émergentes, l'Algérie est aujourd'hui appelée à donner un nouvel essor à la production locale, et ce, à travers le soutien à la consolidation du secteur des PME/PMI et l'encouragement des IDE dont le rôle est de booster le produit local. A l'heure actuelle, l'Algérie n'a pas encore atteint le niveau de ses deux voisins, le Maroc et la Tunisie en matière d'autosuffisance alimentaire.