Le pétrole a terminé en hausse de plus de 1% vendredi sur le marché new-yorkais, soutenu par une accélération de la production industrielle aux Etats-Unis, ce qui renforce les espoirs d'une reprise économique rapide. Le contrat novembre sur le brut léger américain a fini sur une progression de 95 cents, soit 1,22%, à 78,53 dollars le baril après avoir évolué entre 76,82 et 78,67 dollars. Au même moment, l'échéance décembre sur le Brent prenait 87 cents (+1,14%) à 77,10 dollars. En sept séances consécutives de hausse, les cours de l'or noir ont bondi de plus de 10%, soit de huit dollars le baril, pour évoluer à leur plus haut depuis le début de l'année. Pour une fois, le marché pétrolier n'a pas suivi l'évolution de Wall Street, qui a reculé sous le coup de résultats de General Electric et Bank of America jugés décevants. "Le principal facteur qui oriente le marché, ce sont les attentes économiques", a expliqué Jason Schenker, de Prestige Economics. "Les chiffres de la production industrielle ont poussé les prix vers le haut". La production industrielle des Etats-Unis a progressé en septembre pour le troisième mois d'affilée, et bien plus que prévu, ce qui a conforté les attentes de reprise de la consommation d'énergie dans le pays. "Un autre facteur important est le fort mouvement des prix hier (jeudi) en raison de la surprise dans les statistiques sur les stocks" pétroliers américains, a ajouté M. Schenker. Le baril avait bondi en réaction à l'annonce d'une forte baisse des réserves pétrolières américaines la semaine dernière, notamment d'essence. Autre élément de soutien pour les prix, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend), principal groupe armé du sud du Nigeria, a annoncé que le cessez-le-feu de 90 jours qu'il avait déclaré avait pris fin vendredi matin et qu'il allait reprendre ses attaques contre les installations pétrolières et l'armée. "Les activités du Mend ont fortement affecté la production de pétrole du Nigeria dans le passé et l'incapacité du gouvernement à régler le problème pendant le cessez-le-feu laisse les infrastructures pétrolières vulnérables à de futures attaques", ont estimé les analystes de Barclays Capital. Depuis trois ans, le Mend livre une "guerre du pétrole" contre les infrastructures pétrolières nigérianes et étrangères au Nigeria, l'un des premiers producteurs d'or noir en Afrique. De nouvelles attaques "pourrait facilement affecter la production du pays de 100.000 barils en cas d'attaque", a avancé l'analyste indépendant Ellis Eckland, pour qui le baril pourraient facilement atteindre 85 dollars dans les jours à venir. Le baril est sorti cette semaine de la fourchette dans laquelle il a évolué tout l'été, entre 65 et 75 dollars, dans un climat d'optimisme sur les marchés financiers quant à la reprise économique. Le marché est soutenu en outre par le récent affaiblissement de la monnaie américaine, qui pousse les investisseurs à investir dans les matières premières pour se protéger d'une perte de valeur de leurs avoirs. "Cependant, alors que les prix approchent 80 dollars, le scepticisme sur la durabilité de la reprise économique ira croissant", a estimé Mike Fitzpatrick, de MF Global. Certains économistes craignent en effet que la remontée des cours de l'énergie ne freine la reprise, voir l'étouffe dans l'oeuf. S.G.