Même si elle est écartée pour l'heure, la possibilité pour les pays producteurs de pétrole de se détourner du dollar en tant que monnaie d'échanges continue de susciter moult débats et encore plus aujourd'hui. Ainsi, le président vénézuélien Hugo Chavez a déclaré samedi que plusieurs pays dont le sien, la Russie et l'Iran avaient proposé de ne plus utiliser le dollar en tant que monnaie de transaction dans le commerce du pétrole. "Nous en avons parlé à l'Opep. Le Venezuela est d'accord, et il y a d'autres pays, comme l'Iran et la Russie qui ont aussi proposé cette idée", a-t-il dit aux journalistes en marge d'un sommet en Bolivie des présidents de gauche d'Amérique latine. Il faut savoir que cette idée ne date pas d'hier. Et resurgit même à chaque fois que la monnaie américaine montre des signes de faiblesse. Mais cette fois ci le dollar semble bien avoir perdu en crédibilité et a pris du plomb dans l'aile, crise des subprimes oblige. Si en occident on se contente d'appeler à une règlementation plus stricte du marché des changes, les pays émergents, la Chine et la Russie à leur tête, ne voient pas la chose de cet œil et appellent même à remplacer le dollar par un panier de devises dans toutes les transactions commerciales au niveau mondial. Et c'est encore plus vrai pour le cas des marchés pétroliers. Ainsi, dans un récent article, le quotidien londonien The Independent avait écrit que certains pays du Golfe envisageaient la création d'un panier de devises pour remplacer le dollar. Changer d'unité de compte permettrait aux grands pays producteurs de pétrole de stabiliser leurs revenus. Il est que pour le cas des grands pays producteurs de pétrole les ventes sont réalisées en dollars mais leurs achats se font essentiellement en euros. Un changement de devise aurait donc un avantage évident. Il permettrait de stabiliser leurs revenus lorsque le billet vert s'affaiblit. Néanmoins, l'affaiblissement du billet vert a souvent un impact positif sur les cours du pétrole. Les gestionnaires de fonds cherchent alors à protéger la valeur de leurs actifs, en renforçant le poids des matières premières dans leur portefeuille. Au cours des derniers jours, ce phénomène a permis au baril de pétrole de franchir la barre des 75 dollars pour la première fois depuis un an. Dopé par la chute du dollar, le baril de " sweet light crude " a encore gagné hier 2,07 dollars en séance, à 77,25 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Néanmoins, cela pose un sérieux dilemme : a quoi servirai un baril de pétrole à 75 dollars lorsque les revenus qu'il confère n'assure qu'un pouvoir d'achat réduit. Certains émettent l'hypothèse que les pays exportateurs de pétrole pourraient au lieu de remplacer la devise d'échange, orienter leurs achats vers la zone dollar. Mais cela poserait encore la problématique des frets et de leurs coûts. Mais ne dissertons pas sur de tels détails. En vrai la question qui se pose actuellement concerne la légitimité d'un système économique et financier qui repose sur une monnaie singe, ce qui ne garantit en aucune manière la stabilité du marché. Samira G.