La nécessité d'aller vers des donneurs d'organes en dehors de la famille du patient a été soulignée, jeudi à Alger, par des professeurs et médecins spécialistes, à l'occasion du premier congrès sur la transplantation d'organes en Algérie. "Nous souhaitons que la législation en Algérie aille vers cette ouverture, comme c'est le cas dans plusieurs pays européens", a indiqué M. Ahmed Nekhla médecin au service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire du Centre hospitalo-universitaire Mustapha-pacha (Alger), expliquant que le don d'organe n'est permis qu'aux membres d'une même famille de premier degré, c'est-à-dire, le père, la mère, le fils ou le frère alors que l'époux n'a pas la possibilité de donner son organe à son épouse. Pour ce qui est du prélèvement d'organes à partir de personnes décédées, l'opération demeure "difficile" à mettre sur pied car elle nécessite une "logistique adéquate et un travail de sensibilisation auprès de la population", a-t-il ajouté. "Il est impératif de disposer de centres d'urgence bien équipés, de centres de réanimation très performants et d'une infrastructure permettant le prélèvement d'organes dans les heures qui suivent le décès", a encore recommandé le Dr Nekhla, relevant que les praticiens algériens disposent de la technicité et de l'expérience. A cet effet, il a estimé que "la réouverture du grand centre d'urgences du CHU Mustpaha-pacha, en rénovation depuis six ans, servira à régler plusieurs contraintes en matière de prise en charge de la greffe d'organes". Evoquant la greffe rénale en Algérie, M. Ali Benziane, médecin au service néphrologie du CHU de Beni Messous a relevé qu'il y a en moyenne 120 greffes annuellement au niveau national, relevant cependant que la demande demeure "beaucoup plus importante". Pour M. Bouziane, qui a déploré le "manque de moyens, l'idéal serait d'arriver à une greffe par semaine dans chaque service d'autant que les donneurs volontaires ne manquent pas". Sur un autre registre, l'ancien ministre des Affaires religieuses, M. M'hamed Beredouane, professeur au CHU Mustapha-Bacha, a souligné que "les foqaha ont conclu que la mort cérébrale est considérée comme une mort". Il a précisé que ces mêmes fouqaha ont aussi conclu que le prélèvement d'organes est "halal (licite) dans certains cas", à condition, a-t-il expliqué, que ce soit une "solution extrême". "Concernant une personne vivante, le prélèvement de l'organe, ne doit pas constituer un danger pour elle ou pour celui qui le reçoit", a-t-il relevé. "Il faut s'entourer de toutes les précautions pour que le don soit volontaire et intervienne sans pression morale ou psychologique sur le donneur et sans contrepartie financière, a-t-il toutefois averti. Selon le Pr Beredouane, l'organe du donneur ne doit pas être unique comme le coeur ou un organe représentant l'identité personnelle à l'échelle génétique, à l'exemple des gonades (ovaires), comme cela se passe de par le monde. Il a affirmé que du point de vue religieux "il n' y a aucune restriction", mais insisté sur le fait qu'"il faut prendre des précautions". R.R