Le président George W. Bush était attendu en Colombie hier après avoir opposé samedi à Hugo Chavez la "diplomatie tranquille" menée par les Etats-Unis en Amérique latine, tout en persistant à taire le nom de son rival vénézuélien qui s'était manifesté la veille en Argentine pour attiser le sentiment anti-américain. M. Bush n'a pas répondu à la question d'un journaliste qui lui demandait, au cours d'une conférence de presse avec son homologue uruguayen Tabaré Vazquez, s'il avait peur de citer le nom de M. Chavez, comme l'affirme celui-ci. Il a continué à ignorer les diatribes de M. Chavez, proférées la veille encore devant une foule survoltée dans un stade de Buenos Aires, tandis que le président américain prenait ses quartiers en Uruguay, de l'autre côté de l'estuaire du Rio de la Plata. M. Bush a préféré qualifier la stratégie américaine de "diplomatie tranquille et efficace", dans le cadre paisible de l'Estancia Anchorena, le ranch présidentiel uruguayen où il s'est fait plaisir en participant à une partie de pêche avec M. Vazquez après avoir partagé un traditionnel "asado" (barbecue). "Le président des Etats-Unis est aujourd'hui un cadavre politique qui ne sent même plus le soufre", s'est exclamé M. Chavez, vendredi à propos du mandat finissant du "diable" Bush. La bête noire de Washington poursuivra sa propre tournée sud-américaine en Bolivie samedi et dimanche pour soutenir son ami Evo Morales. La visite de M. Bush au Brésil, en Uruguay, en Colombie, au Guatemala et au Mexique est accompagnée de manifestations contre la politique impérialiste" des Etats-Unis, contre la guerre en Irak, parmi maints griefs dans une région qui a connu un virage vers une gauche alternative. La police uruguayenne a annoncé samedi avoir saisi huit engins incendiaires et interpellé 20 personnes, au cours des manifestations de militants d'extrême gauche uruguayens et argentins vendredi soir. Les vitrines de deux McDonald's ont été brisées. M. Bush est arrivé jeudi précédé par le sentiment répandu que les Etats-Unis résumaient leur diplomatie pour la région à des accords de libre-échange et à la lutte contre le trafic de drogue, et avaient oublié leurs voisins du Sud depuis les attentats du 11 septembre.