Le Yémen est devenu samedi un exportateur de gaz naturel liquéfié (GNL) à partir de ses nouvelles installations de Balhaf dans le Golfe d'Aden, avec une première cargaison à destination de la Corée du sud. Lors d'une cérémonie depuis une colline surplombant le littoral, l'usine de liquéfaction et un terminal, le président yéménite Ali Abdallah Saleh a donné le coup d'envoi de ces exportations en pressant symboliquement un bouton. Le gazier sud-coréen Ecopia, ancré au terminal et chargé de 147.000 m3 de GNL, a alors actionné sa sirène et pris la mer sous les applaudissements de l'assistance composée de hauts responsables yéménites, de représentants des sociétés partie du projet et de diplomates étrangers. Le GNL doit être exporté en Corée du sud mais aussi en Europe et en Amérique du Nord. L'opération a été rendue possible grâce à la mise en oeuvre de nouvelles installations à Balhaf dans le Golfe d'Aden, dont total possède près de 40%. Selon Philippe Hennebelle, directeur de production de l'usine Yemeni Liquefied Natural Gas (YLNG), détenue presque pour moitié par le géant pétrolier français, les opérations concernant le deuxième chargement débuteront le 12 novembre prochain. " Le projet de Balhaf (sud), d'un montant de 4,5 milliards de dollars, est le plus important investissement de l'histoire du Yémen. Il est desservi notamment par un gazoduc de 320 km de long qui le relie à Maarib, dans l'est du pays. L'usine Balhaf a commencé la production le 15 octobre avec un seul train en fonctionnement mais qui en compte un second en construction. Une fois ce train achevé la production devrait atteindre jusqu'à 6,7 millions de tonnes par an. "Le deuxième train doit démarrer en février/mars prochains et la production sera alors de 40.000 m3 par jour alors qu'elle est actuellement d'un peu moins de 20.000 m3 par jour", a précisé M. Hennebelle. Le P-dg de la YNLG, François Rafin, a quant à lui souligné qu'en plus des 10.000 emplois créés, le projet va générer sur 25 ans entre 30 et 40 milliards de dollars de revenus pour le trésor yéménite. Une fois le projet totalement achevé, les exportations de GNL du pays équivaudront à 180.000 barils de pétrole par jour, selon des responsables de YNLG. C'est en mars 1995, à la suite d'un appel d'offres international, le gouvernement yéménite retenait Total pour être le leader du premier projet de GNL au Yémen. Ce dernier s'inscrit dans la stratégie du groupe français qui consiste à accroître ses productions de Gaz Naturel Liquéfié de 10% par an en moyenne d'ici 2010. La mise en oeuvre du projet de Yemen LNG correspond à environ 4 Mds USD d'investissement sur 4 ans pour la construction d'un pipeline, d'une usine de liquéfaction et d'un terminal de chargement, sans compter la construction de méthaniers. Il constitue le plus grand projet d'investissement jamais entrepris au Yémen. Le Yémen est l'un des pays les plus pauvres de la planète. Situé dans le sud de la péninsule arabique, il n'est qu'un producteur mineur de pétrole: l'an dernier, cette production n'a pas dépassé les 300.000 barils de brut par jour, et elle est en régression d'environ 5% par an. Ses réserves de gaz naturel prouvées sont de quelque 259 milliards de m3. Dans un bref discours lors de la cérémonie, le président Saleh a estimé que "c'est un important projet stratégique et il est bon que ce projet n'a pas été perturbé", a-t-il annoncé en référence aux habitants des provinces de Chabwa et Maarib où le gaz est extrait et transformé. "Les habitants de ces deux provinces ont collaboré avec nous et n'ont pas perturbé le projet", a-t-il ajouté, soulignant que "la richesse qu'il génère profitera à tous les Yéménites". Le gaz yéménite présente bien des avantages en matière de qualité et de localisation géographique par rapport à ses principaux concurrents de la région (Qatar et Iran notamment, situés dans le Golfe persique). Samira G.