L'organisation double ses prévisions de croissance pour 2010, mais met en garde contre l'envolée des déficits et de la dette publique. Merci la Chine. Si la reprise se confirme et s'étend désormais à l'ensemble des pays développés, c'est en partie dû à la vigueur de l'économie chinoise. Pour expliquer ses nouvelles prévisions revues à la hausse pour 2010, l'Organisation pour la coopération et le développement économique a insisté ce jeudi sur le dynamisme des économies émergentes. "Le rebond très impressionnant de l'économie chinoise, supérieur à ce que nous attendions, a permis une reprise de la production industrielle", a précisé le chef économiste Jorgen Elmeskov. Après avoir plongé de 3,5% en 2009, le club des trente nations les plus industrialisées devrait voir son PIB progresser de 1,9%, au lieu du 0,7% prévu au printemps. L'OCDE ne partage pas non plus le pessimisme de Barack Obama, qui redoute une rechute économique. L'organisation table sur une croissance aux Etats-Unis de 2,5% en 2010 et de 2,8% en 2011 alors que la zone euro devra se contenter de 0,9% et de 1,7%, des chiffres légèrement supérieurs aux attentes de Bruxelles. La France et l'Allemagne afficheraient 1,4% de croissance. À l'appui de cette embellie, l'effet des plans de relance et des primes à la casse mais aussi le rebond du commerce mondial, qui a redécollé cet été. Après une hausse de 9,6% et de 5,3% pour les deux derniers trimestres de 2009, il devrait croître de 6% en 2010. La normalisation des stocks a également eu un effet positif tandis que les prix des logements ont atteint le creux de la vague dans plusieurs pays, surtout aux Etats-Unis. Mais si le gros de la tempête est derrière nous, des vents contraires freinent la croissance. "Les ménages, les institutions financières, les entreprises et les Etats doivent reconstituer leurs bilans", rappelle l'OCDE dans son rapport. La grande incertitude, outre les tensions déflationnistes, viendra du taux de chômage qui va continuer d'augmenter jusqu'à la fin de 2010, voire en 2011 dans certains pays. Il atteindra 9% pour l'ensemble de l'OCDE - soit 21 millions de plus qu'à la fin de 2007 - et 10,6% pour la zone euro. La dégradation de l'emploi risque de miner le moral des ménages et de peser sur la vigueur de la reprise. "Les taux d'épargne vont rester très élevés et pourraient même continuer d'augmenter", a ajouté Jorgen Elmeskov. Après le recours massif aux fonds publics qui ont fait exploser la dette, la difficulté pour les Etats est d'organiser les sorties de crise, de choisir le moment opportun pour stopper les mesures de relance. "Beaucoup de ces interventions, si elles étaient appropriées pendant la crise, seraient dommageables si elles étaient maintenues trop longtemps", alerte l'OCDE. En moyenne, la dette publique risque de dépasser 100% du PIB dans la zone de l'OCDE d'ici 2011. Stopper cette dégradation nécessitera des mesures radicales. Mais attention cependant à ne pas aller trop vite pour ne pas compromettre la reprise. Sans trancher cette question délicate, l'OCDE conseille vivement aux gouvernements de planifier dès maintenant leur sortie de crise et de définir un plan de communication crédible visant à conserver la confiance des marchés et des ménages. "Les bons signaux seraient d'entreprendre des réformes des systèmes de retraite et de sécurité sociale", a illustré le chef économiste. Le secteur financier devra également rester sous étroite surveillance pour ne pas tomber dans les travers d'avant-crise : gonflement du prix des actifs, surendettement et prise de risques excessive. L'OCDE, qui n'exclue pas de nouvelle catastrophe, un an après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, préconise une réforme des marchés financiers en suggérant aux banques de limiter leur taille pour éviter le syndrome too big to fail - trop gros pour faire faillite. Sur le front monétaire, les banques centrales devraient laisser leur taux au plancher tout au long de l'année 2010, et "s'ajuster lentement".