La dette extérieure réduite à sa plus simple signification, soit 25% du PIB (produit intérieur brut), le gouvernement s'attelle à présent, à réduire la dette publique interne. Une dette dont les Algériens n'ont pratiquement jamais entendu parler jusqu'au discours du chef de l'Etat prononcé le 5 juillet dernier. Un engagement que le gouvernement Belkhadem a déjà commencé à mettre en œuvre. "Comme c'était le cas pour la dette extérieure, la dette publique interne fait actuellement l'objet d'un traitement dans le but de la réduire et de la ramener, d'ici la fin de l'année prochaine, à un volume qui ne dépasse pas les 500 milliards de dinars" dira-t-il lors de sa dernière conférence de presse. Cela veut dire, ajoutera-t-il, que "nous allons réduire cette dette actuellement de 1 800 milliards de dinars à 500 milliards de dinars. Naturellement, ces prévisions seront corrigées à la lumière de l'évolution de certains indicateurs variables, comme le prix du pétrole qui échappe à notre contrôle".Le chef du gouvernement revient également sur l'importance prise par la dette interne. La dette publique interne a été estimée à environ 1 000 milliards de dinars entre 1999 et 2004, et ce chiffre a augmenté à 1 800 milliards de dinars en 2006. Cette importante augmentation est due à la conversion d'une partie de la dette extérieure en dette interne. Le Trésor ayant fait appel à la Banque d'Algérie pour régler par anticipation une partie de la dette extérieure. C'est, d'ailleurs, ce qui explique cette hausse de la dette publique interne.Les 1 800 milliards de dinars, représentent près de 26 milliards de dollars. Un niveau d'endettement qui n'inquiète, apparemment, pas Réda Hamiani, le président du Forum des chefs d'entreprises "honnêtement c'est pas inquiétant, ni pour l'économie ni pour les finances. Il faut savoir que la dette publique interne a été simulée dans des proportions qui dépassent les 80%. Et ça représente un bon indice de gestion. Elle va être tirée dans le temps certainement. Elle ne devrait pas peser plus longtemps sur le Trésor, ni sur les banques". Parce que, selon Hamiani, par rapport, à la croissance nationale, elle devrait prendre une proportion plus faible. "Il faut la ramener à la richesse produite, et notre richesse à nous c'est le pétrole et le simple jeu de son prix relativise et diminue l'impact négatif d'avoir à gérer une dette publique interne" conclut-il. Même faible, la dette publique interne a des conséquences très importantes sur la relation entre l'Etat et les entreprises publiques, souligne Abdellatif Benachenhou, ancien ministre des Finances et actuellement conseiller à la Présidence."La dette publique interne va avoir des conséquences sur le mode de relation entre l'Etat et les entreprises publiques, notamment celles qui produisent régulièrement des déficits. D'ailleurs, j'avais mis en place dans la loi de finances 2005 un dispositif qui n'a jamais été appliqué, qui consistait à budgétiser le déficit des entreprises publiques" expliquera-t-il. Pour Abderrahmane Mebtoul, économiste, le règlement de cette dette est une occasion de revoir l'organisation de l'économie nationale "la dette publique interne renvoie à la réorganisation de toute l'économie nationale. C'est-à-dire, qu'il faut s'attaquer au déficit des entreprises publiques, lorsqu'on sait que l'assainissement des entreprises publiques a coûté au Trésor, entre 1991 et 2006, plus de 40 milliards de dollars. L'assainissement des banques en a été la traduction dans la mesure ou les banques publiques sont malades de leurs clients. On assiste depuis 2004 à nos jour à l'envolée des créances non performantes du secteur privée et qui ont accaparé en 2006 plus de 53% des crédits à l'économie" expliquera-t-il.De son côté, le directeur de l'institut international du management, Abdelhak Lamairi , trouve qu'il est opportun de regeler cette dette publique interne "on dit que la dette interne est beaucoup moins grave que la dette externe. On la doit à nous même, donc on a le temps de l'assainir. Il est opportun, vu qu'il y a des ressources, d'assainir cette situation. C'est une des manière d'utiliser efficacement les ressources de l'Etat, comme on l'a fait avec la dette extérieure" expliquera-t-il.Par ailleurs, Lamairi a avertit contre un nouveau recours à l'assainissement financier des entreprises publiques "la seule démarche qui est productive c'est de bien privatiser ces entreprises tout en gardant une bonne dizaine, celles stratégiques surtout". Et pour mieux comprendre les enjeux du traitement de cette dette publique interne, Sid Ali Boukrami, économiste et spécialiste des questions financières internationale, dira à ce sujet que la dette publique en Algérie n'est pas une dette budgétaire, c'est-à-dire qu'elle ne correspond pas à un déficit du budget de l'Etat qui est voté par l'Assemblée populaire nationale, mais plutôt une dette qu'on appelle d'assainissement. Il s'agit des créances des banques sur les entreprises publiques défaillantes qui ont été converties en obligation du Trésor, et qui entraînent, bien évidemment des conséquences". 40 % de revenus de certaines banques publiques, explique Boukrami, proviennent des revenus que procure la rémunération de la conversion de la dette. Ce qui permettait de les maintenir artificiellement en vie et de procéder à une très mauvaise allocation des ressources. Pour Boukrami, il faut mettre fin à cette dette d'assainissement qui engendre des effets sur la gestion globale de l'économie. Le règlement de la dette interne a donc une signification et son impact sur l'économie est certain et confirmé.