Le Honduras espère tourner ce dimanche la trop longue page du coup d'Etat du 28 juin dernier, le premier depuis plus de 20 ans en Amérique du Sud, avec une élection présidentielle sous haute sécurité dont le favori, Porfirio Lobo, candidat du Parti national, première formation de l'opposition, prône la réconciliation.Cinq mois après le coup de force qui l'a chassé du pouvoir, Manuel Zelaya reste réfugié à l'ambassade du Brésil à Tegucigalpa et ne participera pas à l'élection. Il appelle ses compatriotes à la boycotter dans l'espoir qu'une large abstention discrédite le scrutin et empêche la communauté internationale de reconnaître le nouveau gouvernement. Le président par intérim Roberto Micheletti, porté au pouvoir après le putsch, n'est pas non plus candidat. Mais il compte sur ce scrutin pour faire sortir le Honduras de son isolement actuel, qui plonge le pays dans la crise et accroît la pauvreté de la population. Candidat du Parti libéral, la formation de gauche de MM. Zelaya et Micheletti, Elvin Santos était largement distancé dans les derniers sondages par son rival du Parti national. La crise au Honduras a constitué le premier test de l'administration Obama en Amérique latine. Principal partenaire du pays, les Etats-Unis -rejoints par l'Union européenne- ont en effet suspendu leur aide à Tegucigalpa pour tenter d'imposer le rétablissement du président Zelaya. Faute d'avoir atteint ce but, Washington estime désormais que le Honduras a le droit de se choisir un nouveau président, d'autant que cette élection était prévue bien avant le coup d'Etat et ses candidats désignés l'an dernier lors de primaires. Plusieurs pays latino-américains, Brésil, Venezuela et Equateur en tête, ont toutefois averti qu'ils ne reconnaîtraient pas le résultat de ce vote, en signe de soutien au président déchu Manuel Zelaya. Les partisans de M. Zelaya accusent les Etats-Unis d'avoir lâché le président démocratiquement élu du Honduras. Ils font également valoir que le régime du président Micheletti les a empêchés de mener librement leur campagne électorale en emprisonnant des manifestants et en fermant des stations de radio et des chaînes de télévision d'opposition. Porfirio Lobo, qui avait perdu la présidentielle 2005 face à Manuel Zelaya, impute aujourd'hui la crise politique que traverse le pays aux divisions du Parti libéral, qui a fait payé à Manuel Zelaya son alliance avec le président vénézuélien Hugo Chavez et sa tentative de réforme de la Constitution pour briguer un second mandat M. Lobo s'est engagé, s'il était élu, à inclure Manuel Zelaya dans un processus de réconciliation nationale. Le président déchu, poursuivi pour n'avoir pas suivi un arrêt de la Cour suprême interdisant son référendum sur la modification constitutionnelle, serait alors autorisé à quitter la mission diplomatique brésilienne sans craindre d'être arrêté. En accord avec les Etats-Unis, le Congrès du Honduras doit par ailleurs décider mercredi si M. Zelaya doit être rétabli dans ses fonctions présidentielles et terminer son mandat, qui s'achève normalement le 27 janvier.