Les responsables de la Culture semblent de plus en plus soucieux de la préservation du patrimoine immatériel algérien qui d'un coté, est menacé de disparition et d'un autre intégré comme une priorité dans la politique culturel le de l'actuel gouvernement.Préserver un patrimoine immatériel ne coûte pas autant que de préserver des sites monumentaux dont la plupart sont en déperdition.Mouloud Mammeri l'écrivain et anthropologue l'a déjà fait tout seul, il y a quelques années dans son mémorable, Ahellil du Gourara, ces chants mystiques des gens de Timimoun. Bonne nouvelle ! les responsables de la maison de la culture de la wilaya de Béchar viennent d'annoncer la création prochaine d'une phonothèque pour la collecte et l'enregistrement du patrimoine musical et poétique de la région. L'opération, inscrite dans le cadre des efforts pour la sauvegarde du patrimoine culturel, vise aussi à enrichir les connaissances, la documentation et les archives sonores sur les différentes formes d'expression artistique, populaire et traditionnelle de la région de Béchar. Cette dernière compte une soixantaine d'expressions artistiques, lyriques et chorégraphiques. Constitué du préfixe grec phonê (" son ") et du suffixe grec thêkhê (" lieu de dépôt "), est un lieu ou bâtiment destiné à réunir et à conserver les documents sonores stockés sur tous supports. Une phonothèque peut posséder les archives sonores d'un Etat ou d'une collectivité publique, ou encore appartenir à une entité privée au titre de centre de documentation (radio, télévision, musée). Là, il s'agit bien d'une collectivité publique qui stocke une production sonore populaire appartenant à une contrée donnée. En plus de l'enregistrement sur support numérique de ces expressions appelées à être diffusées et mises à la disposition des chercheurs et autres personnes ou institutions intéressées par le patrimoine de la région, la phonothèque aura aussi comme tâche la collecte des documents et autres ouvrages ayant trait aux différentes expressions artistiques et orales de la wilaya, poursuit le responsable de la maison de la culture. Cet établissement qui passe pour être un espace de rayonnement culturel dans la wilaya a, en plus de l'organisation annuelle d'une centaine de manifestations culturelles et artistiques d'envergure, ouvert ses portes aux différents artistes de la région à travers ses ateliers de peinture, de musique, de théâtre et de danses populaires et modernes, et ce, dans la perspective d'une meilleure prise en charge des jeunes talents, a-t-il ajouté. En plus de ces activités, la maison de la culture de Béchar organise depuis quatre ans, le prix national du luth, qui regroupe annuellement des luthistes des différentes régions du pays. Une manifestation musicale qui mérite, a-t-il dit, ''de par l'engouement qu'elle suscite auprès des participants et du public, d'être promue en festival national''. L'Algérie est le premier pays à avoir signé en 2004 la Convention internationale de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Dans le cadre de cette convention, il faut savoir que le Centre national de recherches anthropologiques, préhistoriques et ethnographiques (CNRPAH) a procédé à l'enregistrement d'une trentaine de textes de poètes d'antan. Le CD sera mis en vente prochainement pour notre plus grand bonheur. ""Nous avons mis sur CD audio plus de quatre-vingts textes de poètes d'antan de renom, tels Lakhdar Benkhlouf, Mohamed Ben Msaïb, Boumediene et Mohamed Ben Sahla, dans le cadre de la préservation, la mise en valeur et la perpétuation de notre riche patrimoine immatériel passé et présent", a indiqué M. Slimane Hachi, chercheur et directeur du CNRPAH. Parmi ces poèmes figurent également ceux de Aïssa Laghouati, Ben Omar, Mohamed Bensmaïn, l'un des plus brillants interprètes du "m'dih", l'ancêtre du chaâbi, et cheikh Ahmed Ben Triki, auteur de la célèbre chanson Ya bnet el bahdja keffou nelklam. La transcription audio de ces poèmes, dont certains écrits et d'autres transmis de bouche-à-oreille, a duré plus de deux mois, a-t-il confié, ajoutant que le CD sera bientôt disponible sur le marché. Dans le cadre de ses missions, le CNRPAH a aussi, dernièrement, réalisé un film documentaire consacré à l'imzad, cet instrument traditionnel monocorde de la région du Sud algérien joué uniquement par les femmes. "Notre travail participe à la sauvegarde de ce genre musical menacé de disparition car les interprètes de cet instrument sont très âgées", a expliqué M. Hachi, rendant à cette occasion hommage à l'association "Sauvez l'imzad" qui a initié un processus de formation des jeunes. Ce responsable a indiqué que des chercheurs du centre œuvrent actuellement à l'analyse et à l'étude des chants accompagnant cette musique séculaire. "Nos investigations s'articulent, actuellement, autour de tout ce qui a trait aux dictons, proverbes et adages des différentes régions du pays", a conclu M. Hachi. Rebouh H.