Au cours des vingt prochaines années, les besoins mondiaux en énergie augmenteront de 45%, le combustible fossile restant la source énergétique principale, a déclaré mardi le P-DG de la compagnie britannique BP, Tony Hayward, lors de la conférence internationale Oil and Money à Londres. "Selon BP, en 2030, le monde consommera 45% de plus d'énergie qu'aujourd'hui. Afin de pouvoir faire face à ce défi, il faudra investir d'ici là 25.000 à 30.000 milliards de dollars, soit plus de 1.000 milliards de dollars par an", a-t-il affirmé. D'après M. Hayward, d'ici vingt ans, les combustibles fossiles fourniront toujours près de 80% de l'énergie consommée sur la planète. "Des investissements sont engagés, y compris par BP, dans les sources alternatives", a-t-il constaté, ajoutant qu'il ne fallait pourtant pas chercher à obtenir des résultats spectaculaires en peu de temps. "S'agissant des proportions entre les matières énergétiques, nous ne devons pas parler de révolution, mais d'évolution", a précisé le P-DG de la compagnie britannique. Pour rappel, l'Agence internationale de l'énergie a récemment estimé que la demande mondiale d'énergie va croître de 40% d'ici 2030. L'AIE estime que la consommation mondiale d'énergie va rapidement augmenter d'ici les 20 prochaines années, entrainant une hausse des prix et des émissions de gaz à effets de serre, à moins qu'un accord ne soit trouvé sur les réductions des émissions de CO2. Dans son scénario référent, l'agence prévoit que la demande mondiale d'énergie va augmenter de 40% entre maintenant et 2030. Les pays en dehors de l'OCDE vont principalement contribuer à cette hausse à hauteur de 90%, dont 50% rien que du fait de la Chine et de l'Inde. L'AIE table également sur une hausse des importations de pétrole et de gaz "qui représenterait un fardeau financier pour les pays dépendants énergétiquement". La Chine devrait d'ailleurs dépasser en 2025 les Etats-Unis pour devenir le premier importateur mondial de pétrole et de gaz. L'Agence internationale de l'énergie met aussi en garde contre une hausse des prix du pétrole, cumulée à une baisse des investissements dans le secteur, et qui pourrait constituer "une grave menace pour l'économie mondiale, alors même que celle-ci commence juste à se reprendre". Ainsi, les investissements dans l'exploration et la production de gaz et de pétrole ont chuté de 19% en 2009. La crise est directement à l'origine de ce retournement. Avec un corollaire : pour la première fois en quarante ans, les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont baissé, d'environ 3%. "La chute des investissements est une mauvaise nouvelle, commente Fatih Birol, économiste en chef de l'AIE, car lorsque la demande de pétrole va redémarrer avec la reprise économique, faute de production, il risque d'y avoir une très forte montée du prix du baril, qui en retour, fragilisera la reprise."L'agence s'attend à un rebond du prix du baril de pétrole qui devrait atteindre 100 dollars en 2020 et 115 dollars en 2030.