Par B. Chellali Si le sommet de Copenhague sur le climat, trouve auprès de l'ONU, esprit de partage de compréhension, on ne finit pas de s'interroger ou de s'étonner sur l'autonomie qui est accordée à l'Union européenne, aux pays développés et aux Etats-Unis de défendre leurs intérêts et de s'approprier la décision des négociations. Il y a donc, comme un trompe l'œil en direction du Tiers-monde. Dès le départ, à la conférence de Bangok, la garantie d'une vision commune équitable sur l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre à long terme, a été un désaccord flagrant pour le partage des responsabilités entre le Nord et le Sud, pour atteindre cet objectif planétaire. Egalité illusoire. Il suffit de revenir à ce qui se dit entre grandes puissances pour constater, dans l'immense majorité des positions, que la conférence de Copenhague, se dirige à sens unique, c'est-à-dire comme au bon vieux temps vers les intérêts du Nord et jamais dans le sens contraire vers le Sud. Le continent africain est parfaitement convaincu qu'entre l'honnêteté de l'humanité et le prétexte qui vise à persuader " subrepticemente que des pays développés ou industrialisés viendra le " miracle ", il y a un gouffre habilement camouflé par les termes anodins de la " solidarité internationale ". L'Afrique, continent le plus vulnérable au réchauffement du climat, a besoin de 65 milliards de dollars pour pouvoir faire face à ce phénomène. Les attentes sont très importantes. Le continent noir avec plus de 800 millions d'habitants, représente moins de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais le dérèglement du climat devrait affecter des régions déjà très fragiles où l'agriculture qui détient le taux d'irrigation le plus faible au monde est fortement dépendante des pluies. L'avancée du désert du Sahara accentue également les phénomènes de migration. L'Union européenne qui est géographiquement plus près de l'Afrique, roule pour son propre compte. La réunion de préparation de Copenhague, tenue au mois de novembre dernier à Barcelone, a été marquée par un mouvement de protestation des pays africains à l'encontre de l'UE dont l'objectif de 20% de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020, est inférieur aux recommandations du GIEC, et celui de moins 30% est conditionné à un accord global. Les Européens sont aujourd'hui en retrait après avoir piloté les négociations de Kyoto. Le niveau de l'U.E sur le financement de la transition dans les pays en développement est insuffisant pour qu'elle puisse continuer d'avoir un rôle dynamique. Les déclarations de José Manuel Barrosso ne sont en fait qu'un aveu d'impuissance. Européens et Américains maîtres du jeu économique et financier mondial, ne tiennent aucunement à se solidariser avec les pays en développement dans leur combat contre le réchauffement climatique. C'est tout l'égoïsme du Nord dominant qui entraîne l'économie mondiale vers l'abîme, mais toujours à ses profits. On se demande un moment ce qui va profiter aux pays du Sud de ce genre de rencontre, dont l'esprit ne semble guère en accord avec les principes esquissés par le programme de l'ONU. Il y a un difficile équilibre à établir, qui ne va pas sans une certaine ambiguïté et dont les résultats ne sont pas toujours convaincants. A Copenhague, l'Afrique devra faire entendre sa voix et ne marchander sur quoi que ce soit. En face, il faut qu'il n'y ait pas de " surdité " de l'écoute réciproque. Il faut que l'Afrique ne sente pas que, finalement, bien qu'elle soit la moins pollueuse, ses avis et ses revendications ne soient pas écoutés.