Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU -Chine, Etats-Unis, Russie, France, Grande Bretagne- et l'Allemagne envisagent de se réunir la semaine prochaine pour discuter d'un éventuel renforcement des sanctions internationales contre l'Iran, mesure à laquelle la Russie est toujours hostile, a indiqué jeudi un diplomate européen en marge du sommet de chefs d'Etat et de gouvernement à Bruxelles. La présidence suédoise de l'Union européenne avait regretté auparavant que "l'état d'agitation" intérieur en Iran complique les négociations sur le nucléaire entre Téhéran et la communauté internationale. Le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt a estimé que les dirigeants iraniens étaient plus occupés à manoeuvrer "les uns contre les autres actuellement plutôt qu'à s'engager dans des négociations constructives avec le monde extérieur". A Washington, on a confirmé jeudi qu'une réunion éventuelle du groupe des Six était envisagée en fin de semaine prochaine dans un lieu qui reste à déterminer, selon deux membres de l'administration Obama qui ont souhaité garder l'anonymat. Les dirigeants des 27 envisagent de produire une déclaration commune à l'issue du sommet vendredi pour apporter leur soutien à des sanctions renforcées de l'ONU contre l'Iran, selon un document de travail que l'Associated Press a pu se procurer jeudi. "L'incapacité persistante de l'Iran de répondre à ses obligations internationales et l'évident manque d'intérêt de l'Iran à poursuivre des négociations, appellent une réponse claire, y compris à travers des mesures appropriées", souligne ce texte. Mais le porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, Andreï Nesterenko, a réitéré jeudi le refus de Moscou face à une telle éventualité. "Le langage des sanctions, n'est pas notre langage", a-t-il déclaré à la télévision russe. Les ambassadeurs des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et la France auprès des Nations unies ont pour leur part mis en garde l'Iran contre de nouvelles sanctions si le régime de Téhéran ne se plie pas à la série de résolutions du Conseil de sécurité sur son programme nucléaire. Les ambassadeurs des trois pays se sont exprimés lors d'une réunion du Conseil de sécurité après un rapport d'un comité des sanctions qui a découvert "un schéma apparent de violations des sanctions impliquant des transferts d'armes prohibées" au cours des trois derniers mois. "Il n'y a pas plus de raisons d'attendre" pour envisager des sanctions renforcées, a estimé l'ambassadeur de France Géraud Araud. Si l'Iran continue à violer les résolutions du Conseil de sécurité, refuser le dialogue et la transparence, a-t-il expliqué, "nous devons en tirer toutes les conclusions nécessaires et cela signifie que nous devons passer à une nouvelle résolution comprenant des sanctions". Le rapport remis jeudi au Conseil concernait essentiellement l'interdiction de deux navires transportant des armes en provenance d'Iran et qui se dirigeaient vers la Syrie. Mais les diplomates s'inquiétaient surtout de la révélation récente d'un site d'enrichissement non déclaré près de Qom et l'annonce par l'Iran de son intention de construire dix usines supplémentaires d'enrichissement d'uranium. L'ambassadrice des Etats-Unis Susan Rice a souligné que si les Etats-Unis restent déterminés à trouver une solution diplomatique avec l'Iran, "le temps est compté". "Si l'Iran devait continuer à manquer à ses obligations, la communauté internationale devra envisager de nouvelles actions", a-t-elle ajouté. Les trois ambassadeurs ont affiché leur déception que l'Iran n'ait pas donné une réponse positive à l'offre de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur le transfert de son uranium pour un enrichissement et une transformation en combustible à l'étranger. Après la crise politique née de la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin, de nouvelles manifestations ont eu lieu lundi et mardi à Téhéran contre le pouvoir religieux iranien, débouchant sur des violences entre manifestants et les forces de l'ordre. M.K