Les métaux précieux ont accentué leur repli cette semaine, érodés par le renforcement du dollar, qui a bondi à son niveau le plus élevé depuis trois mois, les métaux platinoïdes résistant toutefois mieux que l'or et l'argent. "Les métaux précieux sont extrêmement exposés à la fin de la tendance du dollar faible, l'argent étant le plus vulnérable à une phase de liquidations de positions", observaient les analystes de Barclays Capital. Alors que la faiblesse du dollar avait été le principal vecteur de la hausse de l'or et de l'argent depuis le mois de septembre, son brusque renforcement depuis deux semaines pèse sur les prix. Jeudi, le billet vert a grimpé jusqu'à 1,4305 dollar, son niveau le plus fort depuis le 7 septembre face à l'euro. Alors que pendant toute la crise économique, le dollar avait pâti de bons indicateurs économiques aux Etats-Unis, il semble au contraire dorénavant soutenu par ce type de nouvelles, car elles laissent augurer d'un resserrement de la politique monétaire américaine. Les cours de l'or ont baissé pour la deuxième semaine d'affilée mais ils semblaient trouver un plancher vers les 1100 dollars. Le métal jaune a continué sa glissade, tombant vendredi jusqu'à 1096 dollars, son niveau le plus bas depuis 6 semaines. Il continuait ainsi à s'éloigner de son record absolu de 1226 dollars, touché le 3 décembre. La barre des 1100 dollars semblait toutefois tenir, malgré la brève incursion du métal sous ce seuil. "L'intérêt des investisseurs reste fort, sachant qu'ils ont lourdement investi sur le marché" de l'or, expliquait Andrey Kryuchenkov, analyste du cabinet VTB Capital. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a fini à 1104,50 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1124 dollars vendredi dernier. Les cours de l'argent ont terminé en baisse, sans toutefois plonger en- deçà des seuils atteints la semaine dernière. L'once d'argent a fini vendredi à 17,31 dollars contre 17,51 dollars une semaine plus tôt. Les cours du platine se sont stabilisés après leur petite baisse la semaine dernière, tandis que ceux du palladium rebondissaient légèrement. Après avoir touché la semaine dernière un plus bas depuis un mois, le platine s'est consolidé autour de 1420 dollars cette semaine. Le palladium a réussi à reprendre quelque 30 dollars, malgré l'effet négatif d'un dollar plus fort. Comparé à l'or et à l'argent, ces deux métaux utilisés dans l'industrie ont ainsi mieux résisté au renforcement de la monnaie américaine. "L'hypothèse d'une amélioration des ventes et de la production dans le secteur automobile ont empêché les métaux du groupe platinoïde de chuter plus bas, malgré un dollar raffermi", expliquait James Moore, analyste du cabinet Bullion Desk. La fabrication de pots catalytiques représente le principal débouché pour la production de platine et de palladium. "Les prix du platine devraient rester soutenus par la demande des investisseurs et des joailliers en 2010. La demande industrielle et automobile ne devrait pas revenir à ses niveaux antérieurs à la crise, même si elle se redresse en 2010", ajoutait Anne-Laure Tremblay, analyste chez BNP Paribas. La production devrait elle aussi contribuer à la fermeté des prix, selon l'analyste, sachant qu'elle a "subi de fortes contraintes en 2009". De leur côté, les prix du coton ont progressé à New York au cours de la semaine écoulée, évoluant à leurs plus hauts niveaux depuis près d'un an et demi, soutenus par la bonne demande pour la balle blanche américaine. Les prix sont soutenus "par la demande en hausse en provenance de Chine et qui devrait continuer d'augmenter", a souligné Hart Barham, de Doane Advisory Services. "Il y a aussi eu des rumeurs selon lesquelles l'Inde pourrait avoir des difficultés à honorer ses exportations", a ajouté l'analyste, ce qui pourrait profiter aux Etats-Unis. Le marché est monté en anticipation de bonnes ventes hebdomadaires à l'export, confirmé par les chiffres du département de l'Agriculture jeudi. Les prix ont toutefois limité leur progression sur la semaine, pénalisés par le fort raffermissement du dollar jeudi, puis vendredi, qui a affecté la quasi-totalité des matières premières. Les Etats-Unis ont la réputation d'être un exportateur fiable et de haute qualité, a rappelé Hart Barham. La petite récolte de cette année, combinée à une demande croissante, vont empêcher les prix de reculer", a estimé l'analyste. Le contrat pour livraison en mars s'échangeait à 75,17 cents la livre vendredi vers 16H15 GMT, contre 74,31 cents vendredi dernier. Il a touché dans la semaine son plus haut niveau depuis juillet 2008. R.T.M.