Les métaux précieux ont été plombés par les chiffres de l'emploi américain, ayant eux-mêmes fait rebondir le dollar à leur détriment, l'argent touchant même un plus bas depuis neuf semaines. Après des indicateurs augurant d'une reprise solide de l'économie en zone euro et en Chine, les chiffres de l'emploi américain ont ralenti les achats de métaux précieux, selon les analystes.467.000 emplois ont en effet été détruits en juin aux Etats-Unis, contre 322.000 en mai, soit un taux de chômage désormais à un plus haut depuis 26 ans, à 9,5%. "Comme l'intérêt dans l'or comme barrière anti-inflation a décliné dans le dernier mois, l'or est devenu plus sensible aux mouvements des devises et moins à la recherche de valeur-refuge" estimait John Reade, analyste chez UBS. Le métal jaune est resté bloqué sous 950 dollars cette semaine, finissant en baisse et sans profiter de son aura de valeur-refuge. "L'or a fini en baisse en réaction à un regain du billet vert (rendant plus cher les matières premières libellées en dollars, ndlr)" commentait Marius Paun, d'ODL Securities. Suite aux chiffres américains, jeudi, le billet vert est passé de 1,42 à 1,40 dollar pour un euro. "Le mois de juillet est également décrit comme le mois le plus calme pour l'or" ajoutait l'analyste, qui voyait le métal baisser à moyen terme et remonter à long terme. L'once d'argent a essuyé les pertes les plus marquées sur la semaine, tombant jusqu'à 13,30 dollars l'once, un plus bas depuis le 6 mai dernier. "La surprise du rapport sur l'emploi a confirmé les craintes d'une reprise +pas pour tout de suite+ dont l'argent a pâti plus que l'or" observait Marius Paun, d'ODL Securities. "Dans les douze derniers mois, le Mint (l'organisme qui produit et met en circulation les pièces de monnaie américaines, ndlr) a vendu 3,6% de la totalité de l'argent extrait sur cette période, démontrant par là que le marché de l'argent n'est pas si gros et que, si les inquiétudes sur la baisse du dollar et l'inflation grandissaient, l'investissement physique (sous forme de pièces, dont le Mint est l'origine, ndlr) pourrait pousser les prix à la hausse" notait cependant John Reade. Les métaux platinoïdes ont évolué dans des directions opposées, le platine restant cantonné sous 1.200 dollars, tandis que le palladium tirait son épingle du jeu et finissait, seul du complexe, en petite hausse. Ce métal a touché durant la semaine un modeste plus haut, depuis trois semaines, à 255 dollars l'once, en raison d'une demande des fonds spécialisés comme "investissement alternatif au platine" selon John Reade. Pour leur part, les cours des métaux de base échangés au London Metal Exchange ont dans l'ensemble reculé cette semaine, plombés par un regain de pessimisme sur les perspectives de reprise économique, à l'exception du nickel, dont le cours s'est envolé à son meilleur niveau en neuf mois. Après un début de semaine atone, le marché des métaux de base a été gagné, comme les autres places financières, par la vague de pessimisme soulevée par le rapport sur l'emploi américain publié jeudi. "Les prix ont baissé unilatéralement sur le marché jeudi, après les données plus faibles que prévu sur l'emploi américain", ont ainsi observé les analystes de la banque Barclays Capital. Les suppressions d'emplois se sont accélérées fortement aux Etats-Unis, où 467.000 emplois ont été perdus en juin, faisant monter le taux chômage à 9,5%. Le marché s'inquiète d'avoir parié trop hâtivement sur une reprise de l'économie mondiale, synonyme de plus forte demande de métaux, sachant que l'économie américaine reste très fragile. Ces données devraient "ressusciter la crainte d'une reprise en forme de W, où une période trompeuse de reprise serait suivie d'une rechute", a ainsi observé Ed Meir, du courtier MF Global. Comparés aux Bourses et aux marchés de l'énergie, "les métaux s'en sont relativement bien sortis, avec des pertes assez limitées", a-t-il toutefois observé. Le CUIVRE a cédé 1,8%, affecté par les mauvais indicateurs américains. Le métal rouge n'a pas tiré parti d'une nouvelle baisse des stocks de cuivre au London Metal Exchange. Ceux-ci sont tombés à 264.225 tonnes, leur niveau le plus bas depuis novembre dernier. L'ALUMINIUM et le PLOMB ont mieux résisté et fait du surplace. Seul le NICKEL a tiré son épingle du jeu cette semaine. Son cours a bondi mardi jusqu'à 16'660 dollars la tonne, un plus haut depuis neuf mois. "L'annonce selon laquelle BHP Billiton avait fermé, pour la deuxième fois en un mois, sa mine de Perseverance, a contribué à faire monter les prix du nickel", ont expliqué les analystes de Barclays Capital. "La production minière de nickel (en baisse) continue à soutenir les prix, d'autant que 21% de la production minière totale ont été fermés", ajoutaient-ils. Sur le LME, une tonne de cuivre pour livraison dans trois mois valait 5005 dollars la tonne vendredi à 14H30 GMT (16H30 HEC) contre 5115 dollars la tonne une semaine plus tôt à 15H00 GMT. Synthèse R.T.M.