Les métaux précieux ont évolué à des rythmes contrastés, l'or et l'argent restant cantonnés dans des marges étroites, tandis que les métaux platinoïdes accéléraient fortement leur progression, dopés par des signes encourageants sur l'industrie, leur principal débouché. Le palladium a touché son niveau le plus élevé depuis mars 2008. Ainsi, les métaux platinoïdes ont affiché une très nette tendance à la hausse. Vedette de la semaine, le palladium s'est propulsé à 480 dollars l'once, son niveau le plus élevé depuis mars 2008. De son côté, le platine a grimpé jusqu'à 1627, un plus haut depuis fin janvier, s'approchant de tout près d'un pic depuis un an et demi. Tandis que l'or et l'argent sont essentiellement régis par des facteurs techniques, comme les mouvements du dollar et l'appétit pour le risque des investisseurs, le platine et le palladium dépendent aussi de l'état de l'industrie, qui en consomme. Le principal débouché de ces métaux est l'industrie automobile, qui les utilise pour la fabrication de pots catalytiques. Signe que le paysage automobile continue à s'éclaircir, le constructeur allemand haut de gamme Audi, filiale du géant Volkswagen, a annoncé mardi vouloir vendre plus d'un million de véhicules dans le monde cette année, et retrouver ainsi son niveau record de 2008, avant la crise. Autre bonne nouvelle pour les métaux industriels, la production industrielle de la Chine, premier consommateur mondial de matières premières, a bondi de 20,7% en glissement annuel en janvier et février, après une année 2009 durant laquelle sa hausse a été limitée à 11%, selon des chiffres publiés jeudi. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 1.619 dollars vendredi contre 1578 dollars l'once le vendredi précédent. L'once de palladium a terminé à 464 dollars contre 466 dollars une semaine plus tôt. De leur côté, les cours de l'or ont perdu leur élan et terminé la semaine en baisse. Du côté de l'offre, le marché avait toutefois reçu une nouvelle favorable à une hausse des cours. "Selon les statistiques d'Afrique du Sud, la production d'or sud-africaine a fortement chuté sur un an au mois de janvier, d'environ 18%, et de 21% par rapport au mois dernier, démarrant faiblement l'année," rapportait Natalya Naqvi, analyste chez Barclays Capital. Autre facteur de soutien, la demande des joailliers montre des signes d'amélioration. "L'Inde, premier consommateur d'or au monde, a importé entre 30 et 35 tonnes de métal en février, après 34 tonnes en janvier", selon Eugen Weinberg, analyste chez Commerzbank. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a fini à 1106,25 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1135 dollars vendredi dernier. Le métal gris s'est mieux défendu que l'or, finissant la semaine sur une petite hausse, après avoir même touché un plus haut depuis six semaines. Continuant sur son élan de la semaine précédente, l'argent a grimpé jusqu'à 17,65 dollars l'once, un prix plus vu depuis le 21 janvier, à la faveur d'achats de la part de fonds d'investissement. Pour leur part, les prix des métaux de base ont peiné à trouver une direction cette semaine, cuivre et nickel cédant un peu de terrain, tandis que les autres métaux finissaient stables, la crainte d'un ralentissement de la croissance chinoise continuant à préoccuper les acteurs du marché. "Après la forte ascension des prix au deuxième semestre 2009, le marché a manqué de direction au cours des dernières semaines. Cela a été influencé par les incertitudes sur la vigueur et la pérennité de la reprise économique, déclenchées au départ par le resserrement monétaire en Chine et les problèmes de dette publique en Grèce", commentait Michael Widmer, analyste chez Merrill Lynch. Relançant la crainte que la Chine ne cherche à freiner sa croissance, la Banque centrale chinoise a annoncé que les établissements chinois avaient accordé environ deux fois moins de nouveaux prêts en février qu'en janvier. "Les métaux ont fait une pause sous leurs sommets de janvier. Les tentatives répétées du marché pour grimper se sont essoufflées" et il "semble se consolider à des niveaux plus bas", ajoutait William Adams, analyste du cabinet Base Metals. Les cours du CUIVRE, chef de file du marché, ont fini la semaine en petite baisse, de 1,4%, victimes de la crainte d'un resserrement monétaire en Chine. "La publication des chiffres du commerce de février offrait un tableau positif pour les cours du cuivre", observait toutefois Nicholas Snowdon, analyste chez Barclays Capital. "Les importations de cuivre non ouvré (comprenant le minerai et le cuivre raffiné, ndlr) ont progressé de 10,3% à 322.000 tonnes, ce qui a surpris les acteurs du marché, qui s'attendaient à une baisse des importations à cause des congés du Nouvel an chinois", expliquait-il. Des analystes estiment toutefois que la robustesse des importations chinoises ne devrait pas persister, sachant que le gouvernement chinois cherche à refroidir l'économie. "La demande de métaux de la Chine, le plus consommateur au monde de matières premières, devrait ralentir de façon notable", ce qui devrait peser sur ses importations, juge ainsi Eugen Weinberg, de Commerzbank.