Le marché des métaux a repris le chemin de la hausse cette semaine, porté par un affaiblissement du dollar et un regain d'intérêt des fonds d'investissements pour les matières premières. Le nickel, qui avait échappé à la baisse générale des dernières semaines, a accentué encore ses gains, touchant un plus haut depuis juin 2008. Les prix des métaux ont été soutenus mercredi par "un affaiblissement du dollar, (...) après l'annonce de nouvelles mesures d'austérité grecques", commentait Ed Meir, analyste chez MF Global. En effet, le dollar a perdu trois cents entre mardi et mercredi, passant de 1,3436 dollar pour un euro à 1,3736 dollar, son plus haut niveau en deux semaines, suite à l'annonce par la Grèce de mesures pour économiser 4,8 milliards d'euros et tenir son objectif de réduction du déficit public cette année. Cette baisse du billet vert a relancé les investissements spéculatifs, car elle rend attractifs les achats de matières premières libellées en dollar pour les investisseurs disposant d'autres devises. Chef de file du marché, le CUIVRE a commencé la semaine en fanfare, en réaction au séisme qui a frappé le Chili, mais a freiné sa progression quand il est apparu que l'infrastructure d'extraction du métal rouge n'avait que peu été touchée par la catastrophe. Un séisme de magnitude 8,8, suivi de vagues géantes, a pris par surprise samedi le centre et le sud du Chili, faisant plus de 800 morts. Le cuivre a grimpé mercredi jusqu'à 7634 dollars la tonne, son plus haut niveau depuis le 11 janvier. Cependant, les informations en provenance du Chili montrent que le réseau logistique se rétablit peu à peu, "ce qui pourrait intensifier une pression baissière sur les prix", anticipait Ed Meir. L'ALUMINIUM a également progressé cette semaine, soutenu par un resserrement de l'offre et la demande. L'aluminium a grimpé jeudi jusqu'à 2.244 dollars la tonne, un plus haut en cinq semaines, alors que la production mondiale d'aluminium est repartie en légère baisse à 3,287 millions de tonnes en janvier, après avoir grimpé en décembre à un plus haut depuis août 2008, selon le rapport mensuel de l'Institut international de l'aluminium (IAI). En Chine, principal producteur mondial, la production a baissé de 1,331 million de tonnes (mt) à 1,292 mt entre décembre et janvier, a précisé l'IAI. A cela s'ajoute "une hausse de la demande aux Etats-Unis, selon la revue spécialisée Metal Bulletin, (...), ce qui pousse les prix à la hausse", commentait Anne-Laure Tremblay, analyste chez BNP Paribas. Le NICKEL a accentué sa progression, bondissant jeudi jusqu'à 23'040 dollars la tonne, un sommet depuis juin 2008. Le métal profite actuellement d'une décrue des stocks dans les entrepôts du LME, couplé à une amélioration manifeste de la demande. "Cette tendance peut principalement être attribué à un fort rebond de la demande par les producteurs d'acier inoxydable, (...) qui représentent environ 70% de la consommation mondiale en nickel", expliquaient les analystes de Commerzbank.En effet, "les prix élevés poussent les producteurs d'acier inoxydable à acheter plus de nickel, (...) de crainte de voir les prix grimper encore", ajoutait Commerzbank. Pour leur part, les cours des métaux précieux ont rebondi à leurs niveaux de la mi-janvier cette semaine, bénéficiant de l'appétit retrouvé des investisseurs pour les matières premières, le palladium jouissant d'un intérêt particulièrement vif. Les cours de l'or ont terminé la semaine en nette hausse, après une incursion jusqu'à leur niveau le plus fort en 7 semaines. Le métal jaune a terminé en hausse pour la troisième semaine consécutive. Il a même brillé jusqu'à 1144,98 dollars jeudi, un plus haut depuis le 15 janvier. "L'affaiblissement du billet vert (retombé à 1,3736 dollar pour un euro mardi, ndlr), l'amélioration des marchés d'actions et l'apaisement des craintes sur l'économie européenne ont soutenu les prix", expliquait Suki Cooper, analyste chez Barclays Capital. Début février, les investisseurs s'étaient détournés du marché de l'or. Une vague de frilosité avait alors balayé l'ensemble des actifs à risques, dont les matières premières et les actions, pour le plus grand bénéfice du dollar. Depuis, les prix du métal jaune ont enchaîné trois semaines de rebond, l'appétit des marchés pour les matières premières se renforçant. "L'annonce par le gouvernement grec de fortes réductions des dépenses publiques et de hausses d'impôts, afin de réduire son déficit public, a permis à l'euro de progresser et a entraîné des gains importants sur les marchés de matières premières", précisait James Moore, analyste du cabinet Bullion Desk. "En raison des craintes sur les dettes publiques de plusieurs pays européens, l'or devrait profiter d'une demande importante, en sa qualité de valeur refuge", complétait Eugen Weinberg, analyste chez Commerzbank. Le métal gris a suivi l'or, finissant en hausse après une incursion jusqu'à 17,45 dollars, un plus haut depuis le 22 janvier. Les prix des métaux platinoïdes ont évolué à l'unisson avec l'or et l'argent, renouant avec des niveaux plus observés depuis un mois.