L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a décidé, jeudi, de maintenir sa production de pétrole au niveau actuel. “Le marché est stable et sain”, a déclaré son secrétaire général, le Libyen Abdallah Salem El-Badri. Avant la confirmation officielle de la décision, Shokri Ghanem, le représentant libyen à l'OPEP, et des ministres du Pétrole du cartel, avaient laissé peu de doute sur les résultats de leur réunion jeudi à Vienne. Tous les ministres sont d'accord pour maintenir les niveaux de production actuels, avait déclaré M. Ghanem à la presse avant le début de la réunion, qui a examiné l'efficacité des récentes baisses de production. Les membres de l'OPEP ont décidé de réduire au total 1,7 million de barils par jour leur production en octobre et février. Ces baisses n'ont pas été complètement mises en œuvre, selon les analystes, mais ont maintenu les prix à des niveaux satisfaisants pour l'OPEP. Ainsi, c'était entendu et c'est confirmé, le cartel a décidé de maintenir son plafond de production au niveau de décembre 2006. Le ministre de l'Energie du Nigeria, Edmond Daukoro, a, par ailleurs, jugé qu'il ne serait pas non plus utile d'augmenter les quotas de production plus tard dans l'année. " La croissance de la demande est à 1,2% a-t-il observé. Si l'on regarde le niveau actuel des prix et la situation de l'offre, je ne crois pas que nous aurons besoin d'augmenter encore la production ". Cela dit, son homologue vénézuélien a évoqué l'hypothèse d'une nouvelle réunion de l'OPEP d'ici l'été, réunion d'ajustement à l'évolution de la demande mondiale. Une demande mondiale qui devrait en 2007 s'élever à 86 millions de barils/jour estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). En hausse de 1,8% par rapport à 2006. Le cartel répond alors à 35% de cette demande."Les fondements sont sains", "Pourquoi interrompre la tendance alors qu'un baril à 60 dollars, c'est tout à fait satisfaisant ", répète-t-on dans les coulisses de l'OPEP. Les pays consommateurs auraient eux, préféré, une hausse des quotas pour réduire la tension sur les prix… On retiendra de cette première réunion de l'année de l'OPEP qu'aucune inflexion de sa politique n'est attendue pour les mois à venir malgré un appel de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) à exporter davantage. Les analystes font valoir que le cartel, pour sa première réunion cette année, n'a guère raison de se sentir sous pression puisque les prix qui évoluent autour de 60 dollars le baril depuis début février, sont à un niveau quasi idéal de leur point de vue et le marché est à l'équilibre. Les représentants des pays membres de l'OPEP semblent, à l'issue de la réunion du jeudi, leur donner raison. Le président de l'OPEP, le ministre du Pétrole des Emirats arabes unis, Mhamed al-Hamili a ainsi souligné qu'il y a " actuellement un équilibre entre l'offre et la demande et les stocks mondiaux ". Son de cloche identique chez le ministre koweïtien, cheikh Ali Jarrah al-Sabah : " Nous ne jugeons pas nécessaire de réduire la production pour le moment " a-t-il déclaré. Au regard de la réunion de jeudi, tout indique que l'OPEP n'a plus d'objectifs de cours affiché depuis environ deux ans mais s'efforce de conserver une certaine stabilité au marché pour ne pas précipiter ses clients dans la récession. Si l'OPEP veut se garder de toute chute des cours avant le printemps, période qui s'accompagne d'une baisse saisonnière de la demande, elle pourrait, estiment les analystes, se contenter de respecter à la lettre ses décisions passées. L'OPEP-10 (hors Irak et Angola, qui ne font pas partie du système de quotas) produit en effet toujours nettement au-delà du niveau décidé lors de sa réunion de décembre 2006. Elle a produit en février 26,54 millions de barils/ jour, alors qu'elle s'était fixé pour objectif 25,8 mbj, selon la revue spécialisée Argus. Le représentant iranien à l'OPEP, Hossein Kazempour Ardebili a suggéré qu'il suffirait que le cartel respecte ses engagements récents pour rétablir l'équilibre.