Le marché des métaux de Londres (LME) a jeté des étincelles en cette première semaine de l'année, cuivre, aluminium, zinc, plomb et étain bondissant à des niveaux inédits depuis plus d'un an grâce à des tensions sur l'offre mais aussi à l'appétit des investisseurs. "Les prix des métaux ont entamé la première semaine de l'année sur les chapeaux de roue, soutenus par l'affaiblissement du dollar et l'engouement des investisseurs pour les matières premières", a constaté Ed Meir, analyste de la maison de courtage MF Global. Les métaux ont bénéficié aussi d'inquiétudes sur la production, notamment en Chine, où le froid intense perturbe l'industrie. Après une série de plus hauts, les métaux ont cependant amorcé un repli à compter de jeudi, les opérateurs craignant que le resserrement du crédit, qui se prépare en Chine, ne ralentisse la demande. Autre menace, les grands fonds d'investissements indiciels, qui entamaient cette semaine la recomposition de leurs paniers de matières premières, pourraient décider de les alléger en métaux. "Les marchés du zinc et du cuivre pourraient être particulièrement frappés", juge Eugen Weinberg, analyste chez Commerzbank. "Des surplus persistants couplés à une baisse des importations de métaux en Chine pourraient bientôt apparaître sur les radars et peser sur les prix", ajoutait-il. Les cours du CUIVRE ont repassé les 7 700 dollars la tonne pour la première fois depuis août 2008, chauffés par les conflits sociaux au Chili. Dopés par une grève dans les mines de Chuquicamata et Mina Sur, dans le nord du Chili, les cours du métal rouge ont aligné les plus hauts, persistant même à grimper après l'annonce de la reprise du travail mercredi. Le métal a ainsi atteint 7 796 dollars la tonne jeudi, un niveau plus vu depuis août 2008. Depuis le début de l'année, les conflits sociaux s'enchaînent au Chili, "Arabie saoudite" du cuivre. Obnubilés, les investisseurs n'ont pas tenu compte de la montée des stocks du London Metal Exchange, qui dépassent les 500'000 tonnes. "La faiblesse de la demande, qui se reflète dans la montée des stocks, a été largement ignorée", remarquait ainsi Robin Bhar, analyste chez Calyon. L'ALUMINIUM s'est envolé jusqu'à 2 394 dollars, son meilleur niveau depuis octobre 2008. "Les prix de l'aluminium ont été assez forts toute la semaine, grâce à des interruptions de la production dues au froid en Chine et à des inquiétudes liées aux approvisionnements en électricité au Venezuela", expliquait Ed Meir. Dans l'est de la Chine (Shanghai, provinces du Jiangsu et Shandong) et le centre (Hubei), le froid intense a entraîné des rationnements de l'électricité, dont pâtissaient les fonderies, très gourmandes en énergie. "Les fonderies d'aluminium subissent un rationnement en électricité en raison de fortes perturbations dans l'approvionnement du charbon" (alimentant les centrales), rapportait ainsi Nicholas Snowdon, analyste chez Barclays Capital. Ces épisodes sont "une réminiscence de début 2008, lorsqu'un froid rigoureux avait affecté la production d'aluminium chinoise, entraînant une baisse de 550'000 tonnes sur l'année", ajoutait-il. Le ZINC a touché 2736 dollars, un plus haut depuis mars 2008, tandis que le PLOMB se propulsait à 2 690 dollars, son meilleur niveau depuis mai 2008. De leur côté, Le platine et le palladium ont battu cette semaine des records datant de l'été 2008, sur un marché mis en liesse par le lancement de produits financiers permettant d'investir dans ces métaux, tandis que l'or repassait la barre des 1100 dollars l'once. La London Bullion Market Association, fédération regroupant les principaux producteurs d'or mondiaux, a émis vendredi des pronostics très haussiers pour les métaux précieux en 2010. Elle s'attend à ce que les cours de l'or avoisinent 1199 dollars l'once, l'argent 19,02 dollars, le platine 1530 dollars et le palladium 422,50 dollars. Les cours de l'or ont grimpé cette semaine jusqu'à 1140 dollars l'once, un plus haut depuis un mois, aidés par la panne d'élan du dollar et par la hausse du pétrole. Les cours du métal jaune ont repris cette semaine le chemin de la hausse, tandis que le billet vert semblait patiner dans sa reprise face à l'euro. Montés à un record historique de 1 226 dollars le 3 décembre, les cours du métal jaune avaient par la suite souffert d'une remontée du dollar face à l'euro. L'envolée du pétrole cette semaine à plus de 83 dollars le baril, son niveau le plus fort en 15 mois, participait aussi à soutenir les cours: la hausse des prix de l'énergie attise les tensions inflationnistes et porte les investisseurs vers le métal jaune, traditionnel bouclier anti-inflation. Jugeant l'or dorénavant "consolidé", James Moore, analyste du cabinet Bullion Desk, estimait qu'il a le potentiel de remonter à 1 170 dollars, voire 1200 dollars, notamment grâce à l'intérêt des fonds d'investissement.