Le cacao, rare rescapé de l'effondrement des prix des matières premières, a changé d'année à un niveau historiquement élevé, dopé par les inquiétudes sur la récolte ivoirienne, tandis que le sucre se ressaisissait légèrement dans le sillage du pétrole. Les prix du cacao sont restés bien soutenus, le cours de la fève noire cotée à Londres restant tout proche de son record historique touché mi-décembre. "Le marché résiste assez bien comparé aux autres matières premières en raison de la situation de l'offre et de la demande lui étant propre", a commenté Stephanie Garner, analyste de la maison de courtage Sucden. Les prix sont dopés depuis plusieurs semaines par la crainte que le marché ne connaisse des difficultés d'approvisionnement, notamment en raison de la qualité insuffisante de la récolte en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial. "Les deux marchés (Londres et New York) se maintiennent à peu de distance de leurs récents sommets", ajoutait Stephanie Garner, l'activité ayant été très réduite au cours des deux dernières semaines en raison des congés de fin d'année. Le cacao échangé à Londres pour l'échéance de janvier avait bondi jusqu'à 1822 livres la tonne vendredi 19 décembre, un plus haut historique. La veille, son cours avait grimpé jusqu'à 2718 dollars la tonne à New York, un plus haut depuis septembre dernier. Pour le contrat dorénavant le plus échangé, celui de mars, le cours du cacao avait bondi le 12 décembre jusqu'à 1840 dollars, un niveau qui n'a pas été dépassé depuis lors. Sur le Liffe, la tonne de cacao pour livraison en mars valait 1788 livres sterling la tonne vendredi vers 15H00 GMT, contre 1800 livres la semaine précédente à la même heure. Sur le NYBoT, le contrat pour livraison en mars valait 2542 dollars la tonne contre 2661 dollars vendredi 19 décembre. Les cours du café ont évolué dans une étroite fourchette de prix, restant sous la pression d'une demande en berne en raison de la récession économique dans les pays industrialisés. Dopés par les achats de fonds spéculatifs en début d'année, les prix de l'arabica avaient atteint 2815 dollars la tonne en mars, un record historique. Les cours du sucre se sont timidement ressaisis à Londres lors de la première séance de l'année, aidés par un rebond des prix du pétrole. Tombés à 32,60 dollars à la mi décembre, les prix du pétrole ont réussi à conclure l'année au dessus du seuil de 40 dollars, notamment en raison de l'offensive d'Israël dans la bande de Gaza. La vigueur des prix du pétrole tend à favoriser les prix du sucre, car elle encourage l'utilisation de l'éthanol comme carburant alternatif. De leur côté, les métaux de base ont entamé sur une note raffermie la nouvelle année, après avoir vu leurs cours massacrés en 2008 par la crise financière et la récession économique dans les pays industrialisés. Après cinq années fastes, marquées par la progression quasi ininterrompue des cours des matières premières, le marché des métaux non ferreux a été frappé de plein fouet depuis l'été par la récession économique touchant l'Europe et les Etats-Unis, la plus grave depuis 70 ans. Après un premier semestre étincelant, marqué par des records historiques pour le cuivre, l'étain et l'aluminium, l'année 2008 s'est achevée en véritable Bérézina: les métaux échangés au London Metal Exchange (LME) ont perdu entre le tiers et plus de la moitié de leur valeur. Leurs cours ont été ramenés à des niveaux plus observés depuis plusieurs années, et se situent dorénavant en dessous des coûts de production. Sur un an, le plomb a perdu 61% de sa valeur, le cuivre 54%, le nickel 55%, le zinc 49%, l'aluminium 36%, l'étain 35%. La nouvelle année a toutefois démarré sur une note plus ferme, les métaux progressant dans le sillage du pétrole: le baril a franchi à nouveau vendredi les 47 dollars sur fond de tensions géopolitiques. Le CUIVRE a achevé sur un Noël noir une année pourtant marquée par un record de tous les temps. Le prix d'une tonne, qui s'était envolé à 8675 dollars le 2 juillet, sa plus belle performance, a plongé jusqu'à à 2817 dollars le 24 décembre, son niveau le plus faible depuis plus de quatre ans (octobre 2004). Sur un an, sa valeur de ce métal a été divisée par deux. Le cuivre a été victime à la fois de l'éclatement de la bulle spéculative sur le marché des matières premières, mais aussi de l'effondrement du secteur immobilier, gros consommateur de métal rouge. L'ALUMINIUM est resté lui aussi tout proche de son plus bas depuis cinq ans, à 1430,50 dollars, touché le 18 décembre. Le métal léger était pourtant lui aussi monté sur le podium des matières premières vedettes, avec un record à 3380 dollars le 11 juillet, jour précis où le pétrole s'envolait à plus de 147 dollars.L'industrie se débat à présent avec une capacité excédentaire trop importante et une masse importante de stocks non consommés au London Metal Exchange (LME). Sombre réveillon également pour l'ETAIN, dont le cours est passé sous la barre des 10'000 dollars la tonne deux jours avant la fin de l'année. Le 30 décembre, son prix a touché 9700 dollars, un plus bas depuis novembre 2006. Là encore, l'année s'est déroulée comme un mélodrame en deux actes: le métal a culminé à 25'500 dollars le 15 mai, sur fond de problèmes d'approvisionnement en Indonésie, en Chine et en République démocratique du Congo, avant de voir sa valeur divisée par deux et demi. Le NICKEL a achevé l'année sur une très timide remontée, sans s'éloigner toutefois des abysses où il a plongé cet automne. Le 24 octobre, un an et demi après avoir coté au prix vertigineux de 51'800 dollars la tonne (en mai 2007), ce métal utilisé dans la production d'acier inoxydable a vu son cours s'effondrer à 8850 dollars, un plus bas depuis juillet 2003. Synthèse R.T.M.