C'est son premier roman et, quand on ouvre les premières pages, on a l'impression d'être en plein dans un texte à l'eau de rose ou un feuilleton à la manière des feux de l'amour. Le livre qui est sorti fraîchement chez Alpha édition est signé Kamel Abdelaoui, un parfait inconnu dans l'univers littéraire, qui fait donc son arrivage dans la galaxie des lettres avec, Comme un brin de paille, un livre de 446 pages ! Ce roman est truffé de détails. Premières impressions que nous envoie le livre intense dans les dialogues et qui peut facilement et sans effort aucun être adapté au petit écran. Les récits mettant en avant certains personnages et autres se chevauchent, et le lecteur découvrira au fur et à mesure des chapitres des rebondissements ainsi que des aérations. “ Rokaia n'était pas bien du tout ce matin-là, quand elle entra dans le café bourré de monde. Heureusement que Momo était déjà là. Elle s'affala en face de lui dans un soupir sorti d'une forge. “ J'en ai marre, tu peux pas savoir ! ” geint –elle. Tout semblait excessif chez elle : capable de parler avec impétuosité quand c'était le calme plat et se taire au milieu d'une tempête “Il me fait ça ? Je passe mon temps à l'attendre ce mec ! ” Momo se taisait. Lit-on dans l'incipit du roman. “ Ce mec ” c'est Redouane, un des personnages centraux de ce roman où l'on ne retrouve ni description ni décor. En fait, Redouane tout comme Rokaia, sont tout deux des enfants uniques, issus de familles fortunées qui ont les épaules larges et les poches pleines. Les deux familles veulent s'allier en mariant leur deux rejetons, afin d'appuyer davantage leur fortunes et liens en haut des sphères du pouvoir ; sauf que Redouane ne veut pas. Personnage tout de même atypique, le Redouane veut se faire tout seul. Il n'a pas envie d'épouser une “ nana ” qu'il n'aime pas et de surcroît que lui impose un père prêt à lui offrir toute sa fortune, contre un simple consentement. Redouane, un beau gosse flambeur, et trop libre. Ses centres d'intérêt sont ailleurs que dans le matériel. Il veut faire des études poussées, et voir après….. Rokaia est tout son contraire. Elle tient à lui, et fait des mains et des pieds pour l'épouser. “ Par chance, nous connaissons très bien la famille de ton amie Rokaia que tu fréquentes depuis pas mal de temps…ou je me trompes ? la belle-fille idéale d'après ta mère. Son père Boualem mon fidèle associé, serait ravi de nous accorder sa main. Je sais que ça ne se fait pas, que c'est à nous de faire le premier pas, mais il m'a confié que sa fille voulait être ta femme ! Et oui, de nos jours, c'est comme çà ! On va pas se formaliser…Une famille honorable, reconnais-le, et fortunée avec çà ! Crois-moi, il n'y a pas meilleure alliance pour nous qu'en dis-tu fiston ? ” Lit-on à la page 27. La totalité des événements de Comme un brin de paille se passent durant la tragédie nationale, à l'heure du couvre- feu, et des attentats-suicides. L'auteur parle, précisément, de la vie des jeunes fortunés, de leurs frasques, de leur fougue au milieu de ces années de terreur. Il arrive à ce que Kamel Abdelaoui lance entre deux lignes des irrégularités banales que commettent les agents de sécurité et autres administrateurs. Mais ces “ remarques” ne font pas le poids d'une dénonciation en bonne et du forme tant qu'elles sont “ noyées ” dans le récit parfumé de ce roman où tout le monde est riche, et tout le monde est beau; Comme un brin de paille se situe d'avance entre le fictif et le réel. Ce récit qui vous tient en haleine par la simplicité de son propos et la fluidité de son écrit, est trop long pour un contenu littéraire des plus ordinaires.