L'illustre universitaire américain, Joseph Eugène Stiglitz, co-lauréat du prix Nobel de l'économie en 2001 et de la paix 2007, a estimé que la reprise sera lente, concernant la crise économique mondiale contrairement, aux prévisions de certains économistes. Dans une conférence, sur le thème "l'après crise financière, les options pour l'Afrique", tenue lundi soir au siège de la BAD à Tunis, Stiglitz a relevé que le vrai retour à la normale ne sera réellement palpable qu'à partir de 2012 et 2013. Les pays du monde doivent, cependant, "non seulement préparer la période post-crise mais anticiper d'autres crises qui peuvent survenir à l'avenir", a-t-il prévenu. Dans son analyse des sources de la crise, Stiglitz a relevé que le capitalisme et les systèmes des marchés financiers ont montré leurs limites, faisant remarquer que dans l'actuel contexte de la globalisation un système financier défaillant génère obligatoirement la déficience des systèmes économiques et a des conséquences négatives sur le développement social. Pour palier les faiblesses des anciens modèles, a-t-il dit, il faut réfléchir à des systèmes financiers et économiques capables de résoudre les problèmes de base, créer des investissements qui peuvent améliorer les conditions de vie des citoyens, investir dans le secteur de l'énergie et de l'environnement et transcender le simple concept de croissance pour celui d'une "croissance de qualité". Il s'agit, concrètement d'associer au progrès économique et à" l'innovation financière" un progrès et un bien-être social durable et stabilisateur, a-t-il ajouté. Farouche partisan du développement des pays du Tiers-monde et de l'économie sociale, Stiglitz plaide pour une économie adaptée à chaque situation, voire une économie à visage humain qui profite à tout le monde et permet de réduire les disparités entre riches et pauvres. Concernant l'Afrique, le prix Nobel a recommandé des réformes globales dans le sens d'une meilleure exploitation des ressources naturelles du continent, le développement de nouvelles stratégies de management. Notons dans ce sens que le Fonds monétaire international (FMI) a prévu une amélioration de la situation économique en Afrique subsaharienne en 2010, prévoyant une croissance autour de 4% pour la région. Dans un rapport sur l'Afrique subsaharienne publié dimanche sur son site internet, le FMI a affirmé que la reprise de la croissance économique dans la région pourrait accélérer les efforts pour atteindre les objectifs du développement millénaire. L'Afrique subsaharienne a enregistré une croissance d'entre 6 et 7 % entre 2000 et 2007. La croissance a ralenti en 2008 avec l'émergence d'une crise alimentaire et d'une crise financière mondiale. L'Afrique subsaharienne commence aujourd'hui à bénéficier du redressement de l'économie mondiale, mais la reprise de la croissance dans certains pays de la région dépendrait de la performance du secteur public, note le rapport. "En 2009, c'était la décision de nombre de pays subsahariens qui ont permis l'augmentation des déficits budgétaires pour aider l'économie nationale à résister aux chocs extérieurs", affirme le rapport du FMI, les politiques de stimulation dans certains pays au début de l'année 2010 pourraient être utile, surtout au cas où la croissance mondiale serait fragile.