La demande mondiale de pétrole devrait atteindre 86,65 millions de barils par jour en 2011, soit une hausse de 1,47 million par rapport au chiffre prévu pour 2010, annonce, mardi, l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA). Dans son dernier rapport mensuel de prévisions, l'EIA voit également la demande de pétrole américaine s'élever à 19,11 millions de barils en 2011, soit 216.000 barils de plus qu'en 2010. L'agence ajoute que le rebond de la demande de brut sera largement le fait de pays émergents en 2010, la hausse de la demande dans les pays riches devant commencer en 2011 "en réponse à l'amélioration des conditions économiques". Il faut dire que le marché compte sur la Chine pour faire repartir la demande pétrolière après deux années de contraction, un ralentissement de l'activité du géant industriel pourrait compromettre cette reprise. Néanmoins, le pétrole passait sous le seuil de 80 dollars hier en début d'échanges européens, après une étude ayant révélé une progression surprenante des stocks américains de distillats malgré le froid, sur un marché inquiet par ailleurs des mesures prises pour ralentir l'économie chinoise. Vers 11H00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février perdait 83 cents à 78,47 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres. A la même heure, le baril de "brut léger texan" (WTI), échangé au New York Mercantile Exchange (Nymex) pour la même échéance, cédait 90 cents à 79,89 dollars. Les inquiétudes sur l'état physique du marché, qui avaient été mises en sourdine durant la vague de froid, repartaient mercredi. Symptôme d'un trop plein persistant de pétrole, les stocks pétroliers américains se seraient fortement étoffés la semaine dernière, selon une étude de la fédération professionnelle API (Americain Petroleum Institute). Le rapport estime que les stocks d'essence ont progressé de 6,9 millions de barils (mb) et que, malgré le froid, les réserves de distillats ont gagné 3,6 mb. Ces chiffres entretenaient la nervosité des opérateurs avant le rapport officiel du Département américain de l'Energie (DoE) attendu à 15H30 GMT. Affichant de nettes divergences avec l'étude API, les analystes interrogées par DowJones Newswires s'attendent à une chute de 1,8 million de barils des stocks de distillats. En revanche, ils tablent sur une montée des stocks de brut et d'essence, de 1 million de barils dans les deux cas. Ces craintes venaient s'ajouter aux inquiétudes sur la Chine qui avaient déjà fait reculer les cours pétroliers mardi. "Le pétrole s'échange maintenant sous le niveau des 80 dollars. Les analystes anticipent un temps plus doux que prévu, ce qui pourrait éroder la consommation, mais ce sont les mesures prises par le gouvernement chinois pour ralentir l'expansion du pays qui ont fait vaciller le marché pétrolier", observait Marius Paun, analyste chez ODL Securities. La Banque centrale de Chine a annoncé mardi deux mesures pour tenter d'enrayer la surchauffe de l'économie, le relèvement du taux de réserves obligatoires pour les grandes banques et la hausse du taux d'intérêt sur les bons du Trésor à un an. Dans ce contexte morose, la montée des tensions entre la Russie et le Belarus semblait ignorée par les opérateurs. Les livraisons de pétrole russe aux raffineries bélarusses pourraient cesser prochainement faute de contrat valide, les deux pays ayant échoué à s'entendre sur la question, mais le transit de brut vers l'Europe via le Bélarus demeure assuré, a indiqué mercredi le groupe Transneft.