Dans son rapport mensuel publié hier, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a relevé légèrement sa prévision de hausse de la demande de brut pour 2010, à 1,1%, mais reste inquiète du faible rythme de la reprise de l'économie mondiale. Le Cartel indique dans ce sens que "la demande de pétrole a été très dépendante de l'économie mondiale, soutenue par les plans de relance gouvernementaux. Grâce à ces plans, de nombreux secteurs de l'économie, dont l'énergie, sont repartis. Cependant, combien de temps les gouvernements pourront se permettre de soutenir leurs économies". Et ajoute que "si le soutien diminue, la demande de pétrole sera affectée". L'Opep estime par ailleurs qu'"étant donné le faible rythme de reprise de l'économie mondiale, la demande mondiale de pétrole devrait croître de 0,9 million de barils/jour (mbj) ou 1,1% pour atteindre 85,2 mbj". En février, l'Opep, qui produit environ un tiers du brut mondial, tablait sur une hausse de 0,96% de la demande en 2010, toujours à cause des incertitudes sur la reprise économique. La rigueur de l'hiver ces dernières semaines a soutenu la demande de pétrole en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. Sur l'ensemble de 2010, la consommation de la zone OCDE devrait cependant reculer. L'impulsion donnée par l'économie américaine sera décisive sur la demande mondiale, ont estimé les experts de l'Opep: "si l'économie américaine a la force de sortir de la récession tôt cette année, alors sa demande augmentera. Par contre, si les plans de relance sont interrompus avant une reprise totale, alors la demande énergétique sera affectée négativement pour une production industrielle faible et un chômage élevé". Ceci "pourrait légèrement influencer la demande de pétrole dans d'autres régions, réduisant la demande mondiale", selon le rapport. Dans les pays en développement, l'Opep distingue de "meilleures perspectives qu'imaginées jusque là". Le cartel a relevé ses prévisions pour la Chine (+4,7%), les autres pays d'Asie (+2,1%) et l'Amérique Latine (+2%). Notons que l'agence américaine de l'Energie (EIA), a révisé mardi en hausse sa prévision de croissance de la consommation mondiale de pétrole en 2010. Dans son nouveau rapport mensuel, l'agence qui a relevé ses prévisions de croissance économique mondiale, a, en conséquence, revu à la hausse sa prévision de croissance de la consommation, à 1,5 million de barils par jour (mbj) en 2010, contre 1,2 mbj initialement prévue. La consommation mondiale atteindrait ainsi 85,51 mbj d'ici la fin 2010. "Cette meilleure croissance de la consommation de pétrole en 2010 soutient l'idée d'un prix du brut fermement au-dessus de 80 dollars cet été, et elle est compatible avec une réduction supplémentaire des stocks de pétrole commerciaux", précise l'EIA. L'agence mise sur un baril atteignant le seuil de 82 dollars en moyenne d'ici la fin de l'année, et 85 dollars d'ici la fin 2011. Sur l'année, elle s'attend à une moyenne de 80,06 dollars le baril. En général, l'EIA observe qu'en dépit des fluctuations des prix du pétrole au jour le jour, ses estimations sont restées "relativement stables" dans ses quatre derniers rapports. Elle continue de tabler sur le fait que les pays en dehors de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE, qui regroupe les pays industrialisés) seront le moteur de la demande, alors qu'aux Etats-Unis l'agence mise désormais sur une hausse de la demande de 200.000 barils par jour (b/j) en 2010, un peu plus que le mois précédent, et 210.000 b/j en 2011.