Le marché du ciment en Algérie est très important et demandeur. Il suscite depuis quelque temps l'engouement des investisseurs étrangers, intéressés à la fois par la reprise des cimenteries publiques proposées à la privatisation et par la construction de nouvelles unités. On se pose donc la question du pourquoi accorde-t-on autant d'intérêt aux cimenteries algériennes au détriment d'autres entreprises privatisables dans d'autres secteurs d'activité. Qu'est-ce qui motive autant les investisseurs étrangers à se ruer sur le marché algérien du ciment ? Les raisons sont, en fait, multiples. Mais une chose est sûre, les avantages qu'offre le marché algérien sont indéniables. En effet, le coût de production du ciment algérien est très compétitif à l'exportation. Le niveau des salaires est favorable à l'investissement avec des possibilités de recrutement local du personnel technique et autres travailleurs. Ajoutons à cela la compétitivité des prix du gaz, de l'électricité, du carburant, de l'eau, du téléphone et du transport des marchandises. Aussi, compte tenu de l'importance du plan de relance économique et des programmes futurs, les besoins nécessaires au marché algérien pourraient atteindre 25 millions de tonnes par an. Ce qui suppose effectivement, la nécessité de réaliser d'autres cimenteries. L'Algérie est située au centre du Maghreb, qui représente près de 100 millions de consommateurs, de même qu'elle est proche de l'Europe, dont les moyens, le marché et les besoins en ciment de grande qualité, sont très importants également. Tout laisse à penser que les véritables raisons du rush des opérateurs étrangers sur les projets de cimenteries en Algérie, sont surtout induites par la croissance d'une demande du marché des pays de l'Union européenne qui ne cesse de croître, face à une production limitée par une réglementation draconienne, imposée par un souci de préservation de l'environnement. Ce qui rend les études d'impact généralement défavorables, et les autorisations de réalisation ou les permis de construire difficiles à obtenir. D'autre part, en ce qui concerne les gisements, ces derniers sont accessibles par voies classique et marchande. Ce qui facilite plus le travail aux investisseurs. Il faut savoir à ce propos que l'accès à l'exploitation des gisements est régi par l'Agence nationale du patrimoine minier (ANPM) qui est sous tutelle du ministère de l'Energie et des Mines . Les conditions réglementaires sont régies par la loi minière n° 01-10 du 03/07/2001 JORA N° 35 et le décret n° 02-65 du 13/02/2002 JORA n° 11. Les dispositions de la loi minière et ses textes d'application sont disponibles auprès de l'ANPM. La réalisation d'une cimenterie est soumise à la réglementation des constructions classées, décret n° 98-339 du 03/11/1998 et un permis de construire délivré par la wilaya compétente. Contrairement aux idées reçues, le rapatriement des bénéfices est garanti par la loi. Ce qui explique d'ailleurs l'engouement des investisseurs étrangers sur les marchés porteurs. transferts importants de profits sont réalisés en 2005 par les investisseurs étrangers. Rapatriement des bénéfices et autres avantages D'autres avantages ayant trait cette fois-ci à la fiscalité encouragent aussi l'investissement dans le ciment. Il s'agit de la réduction de la TVA de 17 à 7 % pour les cimenteries, prévue dans la loi de finances 2007. Ce qui n'est pas négligeable, en tout cas en termes de gain et de bénéfices . Le transfert de ces derniers est également garanti par la loi. Le rapport de conjoncture de la Banque d'Algérie pour l'année 2005, fait ressortir que l'augmentation du rapatriement des bénéfices des sociétés étrangères installées en Algérie a augmenté de 64,7 % entre 2001 et 2005. Ce qui est confirmé d'ailleurs par les économistes dont l'ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour, qui a déclaré dans une récente conférence de presse que "Durant 2005, l'Algérie a enregistré l'entrée de 1,02 milliard de $ US d'investissements directs étrangers (IDE) et la sortie de 4,74 milliards de $ US de bénéfices rapatriés. Selon des estimations crédibles, le transfert des bénéfices rapatriés dépasseront les 10 milliards de $ US, en 2007. " A souligner cependant que la production actuelle du ciment demeure inférieure à la demande du marché national. L'Algérie qui possède 13 usines de ciment dont les capacités installées sont d'environ 14,3 millions de tonnes /an (Orascom-ACC M'sila comprise) n'arrive pas encore à couvrir les besoins grandissants du marché national. La production actuelle est inférieure de 10 millions de tonnes / an, au moment même où le plan de relance économique (PSRE) va induire une demande supérieure à 20 MT/an à l'horizon 2010. En matière de prix, en Algérie, le sac de 50 kg de ciment du type CPA 42,5 N est généralement cédé à 320, 00 dinars TTC par des revendeurs qui ne cessent de protester contre les faibles quotas mis à leur disposition par les cimenteries publiques. Celles-ci , il faut le dire, continuent de fonctionner en deçà de leurs capacités réelles de production. Résultats : les prix du sac de ciment chez les revendeurs ont grimpé fortement créant des situations de spéculation et de pénurie. Quelques références de ''success-story'' des opérateurs étrangers Grâce à l'embellie générée par le prix du pétrole, l'Algérie suscite beaucoup d'intérêt chez de nombreux hommes d'affaires notamment arabes. Beaucoup d'entreprises et banques étrangères renommées commencent à s'implanter de manière significative. Passant des relations purement commerciales - du type fournisseur-Client, les opérateurs économiques étrangers sont de plus en plus intéressés par des projets d'investissement créateurs de valeur ajoutée et par des reprises d'actions dans les entreprises publiques algériennes, dans le cadre du processus de privatisation et de promotion des investissements directs étrangers. Le groupe égyptien Orascom est en tête de liste dans ce domaine. Après les télécommunications, il entame son ascension dans le domaine de la construction. La cimenterie ACC Algérie (Algerian cement company), du groupe Orascom est une référence pour de nombreux investisseurs étrangers souhaitant conquérir le marché algérien . En moins deux ans (2001/2003), ACC Algérie a pu réaliser à M'sila une unité de fabrication de ciment dont la production annuelle déclarée est de 4 millions de tonnes de production de ciment de type CPA 445. Renforcée par cette expérience positive, ACC a acquis en 2006 des gisements pour deux nouvelles cimenteries qui seront réalisées à l'ouest du Pays, dans la région de Sig, à 50 km d'Oran et à 90 km de Mostaganem, qui sont deux grandes villes portuaires. Le groupe allemand Holcim (ex-Holder Bank), a acquis de son côté, pour un projet de cimenterie, un gisement de calcaire à l'ouest du pays, à Oggaz près de Sig également. Holcim, après avoir financé la prospection et l'exploration du gisement d'Oggaz, s'est retrouvée à enchérir avec le groupe algérien ETRHB qui a remporté l'adjudication du gisement pour 12 millions DA. Après quelques péripéties, il semblerait que - faute de dossier d'études géologiques - le groupe algérien ETRHB n'a pu entériner l'acquisition et a accepté de rétrocéder le gisement à Holcim. Le groupe allemand Knauf, un des premiers dans les matériaux de construction, avec 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, a acheté 51% des actions de l'usine de plâtre de Feurus (Oran) et fait une demande de rachat des actions restantes, auprès du ministère de la participation et de la promotion de l'investissement. Aussi, la société italienne Buzzi Unicem a acquis en septembre 2006, 35% des actions deux cimenteries pour un montant total de 110 millions de $ US. Il s'agit des cimenteries Hadjar Soud et Sour El Ghozlane. Selon des sources fiables, la société saoudienne Farouk et la société égyptienne ASEC auraient transmis une manifestation d'intérêt aux autorités pour la réalisation de cimenteries.