La compagnie américaine Anadarko Petroleum Corporation semble être la seule compagnie étrangère opérant en Algérie à continuer de remettre en cause la nouvelle taxe sur les profits exceptionnels introduite par amendement à la loi sur les hydrocarbures. En effet, selon la revue Pétrole et Gaz Arabe (PGA), la compagnie américaine s'interroge sur la rentabilité du développement de ses réserves de liquides non encore mises en valeur en Algérie. Ainsi, après sa tentative de mettre la pression sur Sonatrach, début février, avec la publication d'un communiqué dans lequel elle brandissait la menace de recourir à l'arbitrage international, Anadarko rectifie le tir en mettant en avant l'aspect rentabilité de ses réserves non encore développées en Algérie. Anadarko possède environ 110 millions de barils de réserves prouvées inexploitées. En d'autres termes, la compagnie américaine brandit comme épouvantail l'impact du régime fiscal sur ses plans de développement à l'avenir. Donc, après la menace de l'arbitrage international, la compagnie américaine passe au chantage du désinvestissement. Il convient de relever qu'Anadarko, dont les intérêts pétroliers en Algérie sont les plus importants, considère que l'Algérie représentait un atout pour elle. D'ailleurs, à Anadarko Algérie le ton a toujours été à la prudence. Au même titre que les autres associés de Sonatrach, le patron d'Anadarko Algérie, M. Holmes, a déjà soutenu, concernant les amendements apportés à la loi sur les hydrocarbures, que "l'Etat algérien est souverain". A ce titre, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil est inflexible sur l'écrémage des superprofits pétroliers. "La taxe prévue par la loi sera appliquée à tout le monde et pas seulement à Anadarko", a-t-il récemment déclaré. D'ailleurs, l'application de la taxe sur les superprofits pétroliers et les modalités de paiement de la nouvelle taxe ont été précisées dans un décret publié dans le Journal officiel. Les montants seront négociés entre les compagnies étrangères et la Sonatrach, chargée de collecter la taxe pour le compte de l'Etat. La démarche adoptée par Anadarko pour signifier sa désapprobation de la nouvelle législation algérienne sur les hydrocarbures, renseigne sur l'improbabilité de son retrait d'Algérie. Un retrait déjà évoqué par la presse et démenti par la compagnie américain. Pour rappel, le ministre de l'Energie et des Mines a déclaré, suite à ces informations, que le retrait d'Anadarko n'est pas à l'ordre du jour. Il a ajouté, par ailleurs, que si Anadarko voulait se retirer d'Algérie, la compagnie publique Sonatrach exercerait automatiquement "son droit de préemption" sur la totalité ou partie des actifs que le groupe américain mettrait alors en vente. La Sonatrach avait déjà exercé son droit de préemption sur le gisement de Rhourde El Baghuel, dans le Sahara algérien, lorsque le groupe britanique BP avait souhaité vendre directement sa participation de 40% dans ce gisement à son partenaire français Total-Elf. Les bénéfices exceptionnels des compagnies que semble défendre la compagnie américaine mènent à des déséquilibres entre les intérêts de l'Etat et ceux des compagnies. La loi algérienne sur les hydrocarbures traduit, selon M. Khelil, le rétablissement en Algérie d'un équilibre entre les intérêts de l'Etat et ceux de ses partenaires.