Le séisme d'Haïti est la plus grave catastrophe naturelle à laquelle les Nations unies ont eu à faire face en raison des dégâts causés par la secousse aux services de l'Etat haïtien et aux ONG internationales présentes sur place, a fait savoir samedi l'ONU. La destruction de bâtiments gouvernementaux et la mort de nombreux fonctionnaires haïtiens rend plus difficile le travail humanitaire que lors du tsunami en Asie en 2004, a expliqué Elisabeth Byrs, porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) à Genève. "C'est le pire désastre auquel nous ayons à faire face puisque l'administration, les fonctionnaires ont péri. Tout ce qui est structure de l'Etat haïtien a disparu. Il y a un gouvernement certes, mais il a peu de moyens et il a souffert également", a déclaré Mme Byrs sur France-Info. "Donc on n'a pas cette structure administrative qui pourrait nous soutenir normalement, qui nous soutenait, même localement, à Banda Aceh en Indonésie". "Ce n'est pas le pire désastre en termes de victimes, mais c'est le pire désastre (car) les fonctionnaires eux-mêmes sont touchés et ont péri", a-t-elle ajouté. Les dégâts causés par la séisme de mardi au port et à l'aéroport de Port-au-Prince ont ralenti l'acheminement de l'aide, mais celle-ci est finalement arrivée et en cours de distribution, a précisé Elisabeth Byrs. Notons qu'une vingtaine d'hélicoptères font désormais un ballet continu entre le porte-avions américains Carl Vinson et la région de Port-au-Prince, à Haïti, pour amener nourriture et secours aux rescapés du séisme qui a frappé l'île. Samedi soir, des rations alimentaires ont été jetées dans un stade ou dans une clairière à destination des rescapés. Les secours ont également pu atteindre Léogâne, l'épicentre du tremblement de terre, où 80% à 90% des bâtiments ont été détruits. L'ONG Médecins Sans Frontières dit n'avoir "jamais vu autant de blessures aussi graves". L'association, qui comptait déjà 30 volontaires sur place au moment du séisme, a pu envoyer 70 personnels internationaux supplémentaires à Port-au-Prince. "La priorité étant donnée aux cas les plus urgents, les équipes ont pratiqué des césariennes et des amputations", explique un cadre de l'association. Selon lui, "la réaction de la population a été immédiate lorsqu'elle a su que nous démarrions des activités médicales d'urgence à Carrefour (quartier de Port-au-Prince, NDLR). La foule s'est alors amassée près de l'entrée. Les patients arrivant sur des charrettes ou à dos d'homme. Il y a d'autres hôpitaux dans la zone, mais ils sont déjà débordés par l'afflux de blessés et disposent d'un nombre limité de personnel et de matériel/médicaments". L'insécurité continue de régner dans l'île, où retentissent régulièrement des détonations, ce qui ne facilite pas la tâche des humanitaires. Face aux pillages et à la peur des bandes, les habitants poursuivent leur exode de la capitale pour tenter de rallier les zones de l'île épargnées par le séisme. Et les exhortations du président René Préval, qui assure que "le gouvernement a perdu ses capacités de fonctionnement mais il ne s'est pas effondré", ne suffisent pas à les rassurer. Le premier ministre haitien a évoqué dans la nuit le chiffre de 25.000 cadavres ramassés. Selon un bilan de l'OMS, la catastrophe aurait fait 40.000 à 50.000 victimes ainsi que 250.000 blessés et 1,5 million de sans-abri . Samedi soir, la Chine a annoncé que huit de ses ressortissants ont péri. Le Canada déplore également 8 victimes et 1.362 disparus. Au milieu de ce chaos, les sauveteurs s'activent pour tenter de dégager des personnes ensevelies sous les décombres. Une femme de 62 ans a ainsi été extraite des ruines samedi soir. Une étudiante de 29 ans a également pu être sauvée après 97 heures passée sous les gravats. Plusieurs dizaines d'autres sauvetages ont pu être réalisés et l'ONU indique que les sauveteurs ont encore l'espoir de retrouver des survivants. Mais l'horloge tourne. Dans ce type de catastrophe, les chances de survie sont minces au-delà de 72 heures. Autre petit miracle : une Haitienne enceinte a donné naissance à son enfant dans l'hélicoptère de la marine américaine qui la ramenait sur le Carl Vinson pour y être prise en charge. Le monde entier continue de se pencher sur Haïti. Très attendue, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a visité l'île samedi.