La décision française sera déterminante pour l'avenir du thon rouge. Une espèce surexploitée et menacée d'extinction. La position française sur ce dossier sera débattue en conseil des ministres demain jeudi . La Commission européenne attend toujours le choix de la France pour arrêter sa position en vue de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacée d'extinction (CITES) qui prendra une décision finale sur le sort du thon rouge en mars prochain à Doha au Qatar. Interdire le thon rouge ou pas ? La question semble bien compliquée pour le gouvernement de Sarkozy. Depuis bientôt 15 jours, la question de l'interdiction de la pêche du thon rouge soulève les passions dans le camp des ONG comme du gouvernement français. On parle de l'inscription de l'espèce à l'annexe 1 de la CITES pour empêcher son déclin. Mais certains militent pour une inscription à l'Annexe 2. Que signifie ce jargon ? Quels sont les enjeux en termes de biodiversité et d'économie qui se cachent derrière ces débats ? Plusieurs solutions seraient envisageables. D'abord l'inscription sur l'annexe 1 de la convention Cites, c'est-à-dire le bannissement total de toute forme de pêche. C'est cette solution qui avait été choisie pour protéger l'éléphant d'Afrique de l'extinction totale. Mais devant les enjeux économiques, il est peu probable de trouver un accord similaire sur le thon. Vient ensuite la possibilité de l'inscription sur l'annexe 2. Sans interdire la pêche, elle réduit fortement la possibilité de commercialiser l'animal. Mais avant d'arriver à une telle décision, il faudra convaincre les autres pays d'Europe. Italie, Espagne, Chypre, Malte et Grèce sont en effet résolument opposés à toute forme de limitation. Les scientifiques estiment que l'espèce est mise en danger par la surexploitation et la Commission européenne a entamé à plusieurs reprises des procédures d'infraction contre les pays européens, dont la France, qui ne contrôlent pas suffisamment les captures de leurs pêcheurs. Les quotas de pêche annuels fixés par l'exécutif européen sont systématiquement épuisés après quelques mois de pêche mais les captures illégales seraient beaucoup plus importantes. Or, selon un rapport publié mi-décembre par l'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), des doutes subsistent sur l'évaluation des critères utilisés pour "déterminer si le stock est en dessous d'un seuil critique ou non", indiquent les marins-pêcheurs. "Il semble donc logique et vital que la France attende la prochaine évaluation complète du stock de thon rouge qui aura lieu au cours de l'année, avant d'envisager une quelconque inscription de cette espèce à la CITES qui serait effectivement désastreuse pour les pêcheurs français", conclut le CNPMEM. Notons que l'arsenal de l'Union européenne (UE) entre en application peu après l'adoption par la conférence de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le 25 novembre 2009, d'un traité visant à prohiber l'accès des ports de pêche aux navires pratiquant ces activités. S'il ne sera effectif qu'après ratification par vingt-cinq Etats, son adoption est un signal politique important. L'activité comporte de multiples facettes, de l'infraction à la réglementation (dépassement de quotas, utilisation de techniques de pêche interdites, pêche en dehors de la saison ou de la zone autorisée, etc.), au pillage pur et simple, pratiqué par des bateaux sans licence. Toutes contribuent largement à la surpêche dans le monde : plus de 80 % des stocks de poissons sont exploités au maximum ou surexploités. Dalila B.