La crise liée aux fonds nord-coréens gelés à la suite d'accusations américaines de blanchiment n'enrayeront pas l'accord sur la dénucléarisation de la Corée du Nord, ont assuré hier les Etats-Unis, après des doutes apparus samedi dernier sur le respect par Pyongyang de ses engagements. Cherchant visiblement à rassurer, le négociateur américain en chef sur le dossier, Christopher Hill, a dit croire que le différend sur les comptes de la Corée du Nord bloqués dans une banque de Macao ne ferait pas dérailler l'accord signé à Pékin le 13 février en vue du démantèlement du programme nucléaire de Pyongyang. "Je pense que nous avons une position assez raisonnable qui, je le crois, va répondre aux intérêts de tous. Je suis plutôt confiant dans les chances de pouvoir régler le dossier", a déclaré à la presse Christopher Hill. "Selon nous, la question est résolue", a assuré le négociateur, sans plus de précisions. A la suite d'accusations américaines de blanchiment pour le compte de la Corée du Nord, les autorités de Macao avaient gelé à l'automne 2005 quelque 25 millions de dollars de fonds nord-coréens détenus dans la Banco Delta Asia (BDA) dont le siège se trouve dans l'ancienne colonie portugaise. Samedi, le négociateur nord-coréen sur le dossier nucléaire, Kim Kye-gwan, avait averti que Pyongyang ne fermerait pas son complexe nucléaire de Yongbyon (nord), première étape de sa dénucléarisation, aussi longtemps que ne serait pas débloquée la totalité des fonds. Mais le même jour, au cours de la première journée d'une réunion internationale à Pékin, un autre représentant nord-coréen avait assuré à ses homologues que "les préparatifs" avaient été entamés en vue de la fermeture de Yongbyon. Le Nord-Coréen était cité par des négociateurs sud-coréen et américain. "Je ne pense pas qu'ils aient commencé à fermer les installations. Ils faisaient référence au début de tels préparatifs", avait précisé samedi soir Christopher Hill. "Il semble qu'ils bougent. Ils veulent s'assurer que nous aussi nous bougeons. Je leur ai assuré que nous étions en train de la faire", avait-il ajouté. Dans les efforts visant à défaire l'écheveau, le secrétaire-adjoint américain au Trésor, Daniel Glaser, devait arriver dimanche à Pékin après un déplacement à Macao à l'issue duquel il a certifié qu'il revenait désormais aux autorités macanaises de décider de "ce qu'il faut faire avec les fonds, les débloquer ou non". Un responsable sud-coréen a également indiqué à l'agence de son pays, Yonhap, que le dossier était réglé. Il n'existe "plus de points de désaccord" à ce propos, a-t-il insisté sans plus de précisions. Selon Yonhap, les fonds devraient être débloqués avant le début officiel, lundi, des pourparlers que doivent reprendre à Pékin les Six impliqués dans le processus : les deux Corées, les Etats-Unis, la Chine, le Japon et la Russie. En vertu de l'accord du 13 février, le Nord doit dans un premier temps fermer Yongbyon d'ici au 13 avril, accepter que des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) viennent sur place contrôler le processus, puis entièrement désactiver l'ensemble de ses installations nucléaires, à une échéance non encore déterminée. En contrepartie, le régime doit recevoir du fioul lourd tandis que les Etats-Unis doivent entamer un processus de normalisation de leurs relations avec le Nord. Cet accord avait été signé à l'issue de l'explosion, le 9 octobre dernier, de la première bombe atomique nord-coréenne.