Les craintes de formation de bulles d'actifs et d'un resserrement de la politique monétaire en Chine, son principal partenaire commercial, ont un fort impact au Brésil, où la Bourse et la monnaie nationale ont enregistré de lourdes pertes ces derniers jours. Le principal avertissement pour la première économie latino-américaine est venu jeudi de l'Organisation de développement et coopération économiques (OCDE). Des bulles d'actifs risquent de se former dans des marchés émergents comme le Brésil ou l'Inde, menaçant la reprise mondiale, a estimé jeudi le secrétaire général de l'Organisation de coopération et développement économiques (OCDE) Angel Gurria. Evoquant les menaces qui pèsent sur le redémarrage de l'économie, il a affirmé dans un entretien accordé à la chaîne de télévision CNBC qu'il y avait "des risques de rechute". "Les cours du pétrole peuvent connaître un nouveau pic, il y a le fait que les gens sont très prudents car ils ont peur et il y a l'impact du chômage qui est massif", a détaillé Angel Gurria. "Il y a aussi un risque de bulles d'actifs dans des endroits comme le Brésil ou l'Inde et nous devons faire attention à cela, c'est une vraie menace", a-t-il insisté. Avec les risques de surchauffe de la Chine, le rebond des Bourses et les politiques monétaires très accomodantes en vigueur, plusieurs experts ont récemment mis en garde contre le retour de bulles spéculatives susceptibles de provoquer une rechute de l'économie mondiale. Cette peur semble partagée par les investisseurs, qui ont retiré plus de 500 millions de dollars de la Bourse de Sao Paulo en janvier. L'indice vedette de la principale place financière d'Amérique du Sud, le Bovespa, a chuté de 4,7% au cours du mois écoulé, un revirement significatif pour cette Bourse qui avait progressé de 82% en 2009, grâce à la réaction positive de l'économie brésilienne face à la crise. La monnaie locale, qui s'était appréciée de 33% face au dollar en 2009, a également souffert. Après neuf jours consécutifs de baisse, le real est aujourd'hui à son niveau le plus bas face au billet vert depuis le 2 septembre, à 1,885 real pour un dollar. Le gouvernement reste cependant serein. "Nous ne sommes pas inquiets, car nous avons de grosses réserves (de dollars)", a cependant déclaré vendredi le ministre des Finances Guido Mantega, dans une interview au site internet du quotidien O Globo. "Avec la dévaluation du real, les exportations sont plus compétitives", a-t-il ajouté. Son ministère table sur une hausse de 5,2% du PIB cette année, tirée par la consommation et les exportations, après une croissance nulle en 2009. Certains investisseurs redoutent cependant l'impact sur le Brésil d'un changement de politique économique en Chine, son principal partenaire commercial avec 42 milliards de dollars d'échanges l'an dernier. Pékin a commencé en janvier à lutter contre les pressions inflationnistes et les menaces de bulles provoquées par le crédit bancaire, qui a presque doublé l'année dernière par rapport à 2008.